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Marne. Arrêtés par les généraux de Castelnau et Dubail, les Allemands furent vaincus à Bayon, puis à Vitrimont, du 24 au 27.

En même temps, l’armée de Metz partait le 22 de Pont-à-Mousson pour attaquer par le Nord le plateau d’Amance et venait se heurter à la forte position de Sainte-Geneviève. En trois jours, 4 000 obus furent lancés sur le village sans atteindre les batteries françaises. Le 24 au soir, l’assaut est donné en colonnes compactes. A 300 mètres de nos tranchées, un ordre bruyant et convenu d’avance entre Français : « Baïonnette au canon ! » fit relever les Allemands qui s’étaient couchés à terre avant un dernier bond. Les Français, restés à l’abri de leurs tranchées, leur firent, en quelques instans, 4 000 morts.

Deux semaines plus tard, une seconde attaque sur Nancy, plus violente encore, eut lieu, du 4 au 9 septembre, pendant la bataille de la Marne.

Cette fois, les Allemands s’étaient assemblés à l’Est de la Seille, à Chambrey, Grémecey et Pettoncourt sur le territoire annexé, au Nord-Est de Nancy, en face de la haute position d’Amance, qui devint le but de leurs assauts. Après plusieurs jours d’efforts, le 8 septembre, date fixée pour l’entrée triomphale de Guillaume II à Nancy, les troupes allemandes voulurent déboucher de la forêt de Champenoux. Amance, qui domine d’environ 160 mètres la lisière de la forêt, les tenait sous son feu. Leurs canons lourds bombardèrent en vain le plateau pendant cinq jours. Les Français réussirent à tenir bon et finirent par balayer l’ennemi de Champenoux. A la suite de ces combats victorieux, le 13 septembre, Lunéville était délivrée...

Si nous continuons maintenant à suivre le front de nos armées, au nord de Nancy, nous le voyons s’écarter peu à peu de notre ancienne frontière. Il existe là, depuis deux mois, une pointe singulière des Allemands vers Saint-Mihiel dans une sorte de couloir resserré entre Thiaucourt et les Eparges (près de Fresnes-en-Voivre). Le but de nos ennemis en descendant à Saint-Mihiel était bien clair : il s’agissait de passer sur la rive gauche de la Meuse pour prendre à revers les troupes françaises, arrêtées d’autre part au Nord par l’armée du kronprinz, avant Montfaucon et Varennes dans l’Argonne ; il s’agissait aussi d’envelopper Verdun. N’ayant pu traverser la Meuse, ils se sont immobilisés