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les dommages causés aux propriétaires neutres de cargaisons et de navires. Le président Wilson a proposé alors une mesure qui, acceptée par le gouvernement anglais, paraît constituer ce que les mathématiciens appellent une solution élégante du problème. Dans une circulaire adressée aux exportateurs américains, en même temps qu’il les invitait à établir des connaissemens et des manifestes sincères et complets, il leur a offert de faire vérifier leurs chargemens à l’embarquement par un fonctionnaire des douanes. Les Etats-Unis deviendraient ainsi responsables vis-à-vis de l’Angleterre qui accepterait leur garantie. Grâce à cette inspection préalable, en même temps que la fraude serait réprimée, la circulation sur les mers reprendrait presque sa liberté et sa simplicité anciennes.

Nous paraissons donc entrer dans une dernière phase, où la contrebande que l’on pourrait qualifier de légale sera réduite à son minimum. Reste seulement à se tenir en garde contre les subterfuges individuels, qui, sur les frontières terrestres de l’Allemagne ou de l’Autriche, sont appliqués chaque jour avec une audace et un cynisme analogues à ceux que les Allemands déploient dans leurs opérations militaires. Même en temps de paix et sur une frontière fortement et régulièrement surveillée, les contrebandiers réussissent à vivre de leur métier. Mais, de ce côté aussi, les mesures nécessaires ont été prises et, dans tous les cas, la contrebande individuelle doit être considérée comme un détail d’application négligeable. Qu’il arrive ou non à filtrer quelques caisses, quelques wagons, quelques bateaux de ravitaillement, l’Allemagne n’en sera pas moins, suivant l’expression de ses propres journaux, cette « forteresse assiégée, » où une famine menaçante excite déjà des haines si violentes contre l’Angleterre. Voyons maintenant quelle sera la conséquence du blocus pour les principales matières minérales. Le lecteur voudra bien excuser, vu l’actualité du sujet, des chiffres un peu arides et quelques détails techniques.


Les deux grands seigneurs du monde minéral, le charbon et le fer, par lesquels nous commencerons, ne nous arrêteront pas bien longtemps ; ce n’est pas pour eux que les problèmes les plus urgens et les plus graves vont se poser. En ce qui concerne la houille, on ne voit guère comment l’Allemagne, avec ses ressources