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leur nationalité dans l’Empire, qu’ils exigeaient comme siège de la future Faculté. Et même une Faculté de Droit paraissait bien peu de chose, alors qu’on demandait toute une Université, centre d’études et de propagande intellectuelle, — sinon politique, — précisément ce que le gouvernement de Vienne voulait éviter. Le 8 août 1905, les étudians du Trentin votèrent une adresse, réclamant la création d’une Université italienne à Trieste et préconisant le « boycottage » de la Faculté de Droit de Rovereto, accompagnée d’un blâme aux députés italiens du Reichsrath. Ceux-ci s’inclinèrent ; le 18 septembre 1905, ils protestèrent solennellement contre le choix de Rovereto et prirent pour devise « Trieste ou rien. » Ce fut « rien, » car le gouvernement, aussi peu désireux d’aboutir à une solution que de prononcer un non possumus catégorique, a depuis près de dix ans admirablement réussi à égarer l’insoluble problème de l’Université italienne dans tous les méandres de la procédure parlementaire. En 1909, on reparlait officiellement de créer une Faculté de droit italienne. En février 1911, la Chambre autrichienne votait l’établissement provisoire d’une Faculté de droit à Vienne ; en février 1913, la Commission du budget adoptait une proposition du gouvernement en vue de créer une Faculté des Sciences politiques à Trieste.

En attendant la lointaine exécution de ces projets, — par lesquels le gouvernement manifestait son désir de donner une apparence de satisfaction aux vœux irrédentistes plutôt que sa ferme volonté de les réaliser, — les étudians italiens du Trentin et de l’Istrie devaient continuer à fréquenter les Universités autrichiennes, et leurs rapports n’allaient pas sans difficultés avec leurs « camarades » allemands : discussions, rixes, coups, blessures et morts, arrestations et emprisonnemens, aux chants de la Wacht am Rhein, à laquelle répondent la Marche Royale et l’Hymne à Garibaldi, telle fut leur histoire de 1904 à 1914, aussi bien aux Universités de Vienne ou de Gratz qu’à Innspruck.

Ainsi que le constatait dès 1905 à la Diète de Dalmatie le député Salvi, dans un discours contre la germanisation de l’enseignement :

« Notre nation a parlé dans ses réunions, dans ses journaux... Notre jeunesse a versé à notre cause les documens humains les plus typiques et les plus conformes au caractère de