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sept premiers mois, les recouvremens au 31 octobre, tout en étant en retard de 150 millions par rapport à 1913, représentaient à peu de chose près les termes exigibles. Ce résultat ne saurait être trop souligné, à la veille de l’époque où des discussions se rouvriront sur notre système d’impôts. Les quatre contributions directes, instituées par les assemblées de la première Révolution, perfectionnées depuis lors, n’ont pas cessé de fournir des ressources abondantes ; au milieu de la tourmente, elles ont mieux résisté qu’aucun autre élément des recettes publiques.

Les produits de l’enregistrement et du timbre ont subi, dans les mois d’août, septembre, octobre et novembre, une moins-value de 64 pour 100 par rapport aux évaluations budgétaires : les plus fortes diminutions portent sur les droits de mutations après décès, sur les conventions entre vifs et actes judiciaires ; elles s’expliquent par l’arrêt des affaires, la décroissance du nombre des ventes et la suspension partielle du cours de la justice. L’impôt sur les opérations de bourse est tombé brusquement, et donne une moins-value de 6 millions, que la fermeture de la Bourse de Paris suffit à expliquer. Au contraire, l’impôt sur les valeurs mobilières n’a fléchi que de 7 pour 100, grâce à la plus-value fournie en juillet et en août par la nouvelle taxe de 5 pour 100 sur les coupons de fonds étrangers et de valeurs étrangères non abonnées. Les droits de douane sont en moins-value de 56 pour 100, aisément explicable par la réduction des affaires et la suppression des droits d’entrée sur un certain nombre de marchandises.

Les impôts indirects présentent une diminution moyenne de 35 pour 100 ; elle porte principalement sur la bière, à raison de ce que les départemens qui produisent et consomment le plus cette boisson sont occupés par l’ennemi. Sur les sucres, la diminution est de 55 pour 100, par suite de la difficulté de l’approvisionnement et de la réduction des opérations de sucrage des vins, les raisins ayant mûri dans de bonnes conditions. Le produit de l’impôt sur les alcools a baissé de 47 pour 100 ; ce recul est dû à l’absence d’un grand nombre de consommateurs appelés sous les drapeaux, à la restriction volontaire de la consommation, à la réglementation étroite de l’heure d’ouverture des débits, à l’interdiction de la vente de l’absinthe, au bas prix des vins et enfin au développement de la fraude, moins sévèrement réprimée à cause de la difficulté de transport des