Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES MARONITES

Parmi les communautés catholiques d’Orient qui, depuis les Croisades, font appel à la traditionnelle protection de la France, nulle ne s’est montrée plus reconnaissante et plus dévouée que celle des Maronites. Bien des liens nous unissent à elle. Il faut en faire remonter l’origine jusqu’à l’époque de l’arrivée en Syrie des premiers Croisés pour lesquels les Maronites furent de précieux auxiliaires. Dans la suite, et surtout pendant tout le cours des XVIIe et XVIIIe siècles, des relations suivies s’établirent entre nos Rois et les Cheiks du Liban dont certains exercèrent les fonctions de Consul de France. Plus tard encore, Bonaparte, dans sa campagne de Syrie, trouva nos amis du Liban prêts à venir à son aide. Enfin, en 1860, le Gouvernement de Napoléon III envoyait à leur secours un corps expéditionnaire pour les protéger contre la fureur exterminatrice des Druses. C’est tout ce long et glorieux passé que, lors des premiers massacres, Crémieux, qu’on ne saurait suspecter de parti pris en la circonstance, évoquait devant la Chambre des Députés pour l’exhorter à protéger nos cliens traditionnels : « Eh ! Messieurs ! s’écriait-il, il s’agit des chrétiens du Liban ! Les chrétiens du Liban, mais ils sont vos frères depuis des siècles, non pas seulement vos frères en religion, mais vos frères à la guerre, vos frères sur les champs de bataille. Dans toutes les circonstances, vous les avez trouvés. Saint Louis les a trouvés ; Napoléon les a trouvés [1]. »

  1. Discours du 3 juillet 1847.