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SOUVENIRS DE BORDEAUX [1]
1871-1914

Henri Rochefort, après la décision de l’Assemblée nationale qui, sur la proposition Keller, s’en était remise à la sagesse des négociateurs, s’était écrié avec ironie : « C’est un blanc-seing ! » Il se trompait. Ce n’était pas tout à fait cela. M. Thiers, en effet, ne voulut pas être seul à prendre la lourde responsabilité de signer les préliminaires de paix. Il demanda et obtint qu’on lui adjoignît quinze membres de l’Assemblée qui, désignés en qualité de commissaires spéciaux, le suivraient à Versailles ; il leur rendrait un compte fidèle de ses démarches et il prendrait avec eux une décision définitive. Ces commissaires furent MM. Benoist d’Azy, Teisserenc de Bort, de Mérode, Desseilligny, Victor Lefranc, Laurenceau, Lespérut, Saint-Marc Girardin, Barthélémy Saint-Hilaire, le général d’Aurelle de Paladines, l’amiral de la Roncière Le Noury, Pouyer-Quertier, Vitet, Batbie et l’amiral Saisset. Leur participation aux essais de transaction tentés par M. Thiers ne fut pas grande, il est vrai, elle fut cependant un appui, sans être ni un empiétement, ni une gêne. Le nouveau chef du pouvoir exécutif avait formé son Cabinet avec quelques-uns des membres de l’ancien gouvernement de la Défense nationale : Jules Favre, Jules Simon, Ernest

  1. Voyez la Revue du 15 octobre et du 1er novembre 1914.