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LA BELGIQUE MARTYRE.

dans un château du pays de Liége, chez M. X., avec le duc de Brunswick et le baron von Mirbach, remercie ses hôtes en faisant emballer sous leurs yeux toutes les robes qu’il peut trouver dans les armoires de Mme  X. et de ses filles : tissus délicats qui vont fagoter, à l’instar de Paris, les beautés rebondissantes de Potsdam et du Hanovre !

C’est, du soldat à l’officier, de l’officier au prince, du prince au chef d’armée, le même système, la même cruauté, le même goût âpre du vol. « Aucun acte de cruauté indisciplinée ! » non, mais le vol comme le crime, le pillage comme l’assassinat érigés en méthode, et commis par ordre des généraux et de l’Empereur !

Si quelque Herr Professor veut y contredire, qu’on lui fasse tenir le septième rapport de la Commission belge d’enquête, où ont été réunies les preuves les plus accablantes de cette responsabilité d’en haut, — les preuves les moins contestables aussi, puisqu’il s’agit des proclamations mêmes, brutales et sans pudeur, des von Emmich, des von Bülow, des von der Goltz…


Qu’y peut-on lire ? L’aveu atroce que les horreurs qui désolent le pays sont voulues et commandées. Le 22 août, après le sac effroyable d’Andenne, Bülow fait afficher a Liége :

« C’est avec mon consentement que le général en chef a fait brûler toute la localité, et que cent personnes environ ont été fusillées. »

Le 25 août, le même Bülow fait placarder à Namur la proclamation suivante :

« Les soldats belges et français doivent être livrés comme prisonniers de guerre avant quatre heures, devant la prison. Les citoyens qui n’obéiront pas seront condamnés aux travaux forcés à perpétuité en Allemagne. L’inspection sévère des immeubles commencera à quatre heures. Tout soldat trouvé sera immédiatement fusillé.

« Armes, poudre, dynamite, doivent être remis à quatre heures. Peine : fusillade.

« Toutes les rues seront occupées par une garde allemande qui prendra dix otages dans chaque rue. Si un attentat se produit dans la rue, les dix otages seront fusillés. »

Le 27 août, le lieutenant général von Nieber écrit au bourgmestre de Wavre pour réclamer à cette petite ville le solde d’une exorbitante contribution de guerre de trois millions de