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de craindre la descente d’un corps expéditionnaire français, se composaient des Ier et IIe corps actifs et de la 17e division.

Lorsqu’il fut bien acquis que l’escadre française de l’amiral Bouët Willaumez bornait son action à de stériles promenades du Kieler bucht à Colberg et de Swinemünde à Danzig, quand on eut surtout la conviction qu’elle ne convoierait pas de flotte de transports et qu’elle ne ferait même pas de coups de main sur les ports accessibles de la côte ; on s’empressa d’acheminer vers la Lorraine les élémens de défende désormais inutiles. Le IIe corps, notamment, fut mis en route vers le 10 août. Le 18 au matin, parti de Pont-à-Mousson, il avait marché au canon par Bussières et, après avoir fait 40 kilomètres en quelques heures, il donnait, à la tombée du jour, un suprême assaut à la gauche française, établie de Rozérieulles à la ferme Moscou.

Cet assaut fut repoussé, comme l’avaient été ceux des VIIe et VIIIe corps, formant l’armée du général Steinmetz. Mais, pendant ce temps-là, la garde prussienne et le XIIe corps (Saxons) venaient à bout de la magnifique résistance du maréchal Canrobert, à Saint-Privat ; et l’on a pu dire que, peut-être, si l’attention du commandant en chef français, toujours soucieux de garder ses communications avec Metz, n’avait pas été retenue du côté de sa gauche par la vigoureuse attaque des Poméraniens de Franszky, il eût consenti à porter à sa droite le secours qu’elle attendit vainement jusqu’à 7 heures du soir.

Quoi qu’il en soit, l’intervention du IIe corps prussien à la fin de la bataille qui décida, en somme, du sort de la France, n’aurait évidemment pas pu se produire si quelques démonstrations sérieuses, — qu’il était si facile d’exécuter vers Swinemünde ou Danzig, par exemple, avec une flotte absolument maîtresse de la mer ! — avaient obligé l’état-major allemand à laisser huit jours de plus ces excellentes troupes à la garde du littoral. « Il aurait suffi, a dit à ce sujet un historien militaire français, de montrer quelques pantalons rouges, sur quelques bateaux de transport pour ranger le Danemark de notre côté et retenir sur le littoral prussien un ou deux corps d’armée. »

Ne parlons pas des Danois d’aujourd’hui qui, au demeurant, n’ont pas encore dit leur dernier mot. Ne recherchons pas non plus, — ce sera pour plus tard, si l’on y pense après la victoire ! — comment il se fait que les alliés n’aient pas jusqu’ici