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l’Académie de Marseille dans ses archives et que j’ai pu examiner, j’en trouve trois de M. Lemontey, un du Père Paris, de l’Oratoire, un autre du Père Martelot, de l’Oratoire de Grasse, un autre de M. Blanc Gilli, de Marseille. D’autres sont anonymes. Aucun n’est de Joubert : aucun n’est de son écriture et aucun ne ressemble de nulle manière aux brouillons de lui que j’ai sous les yeux. Mais il a eu, de loin, le projet de concourir. On pourrait se demander s’il ne préparait pas, tout bonnement, un article ou peut-être un volume : non, il travaillait pour l’Académie de Marseille. Une ou deux citations suffisent à le démontrer. « Je l’ai loué (Cook) aux bords de la Méditerranée. Cette place convenoit à cette cérémonie. Cook a rendu toutes les mers plus navigables… » Aux bords de la Méditerranée, c’est à Marseille. Puis : « On dit qu’une femme même, mêlant ses acclamations à celles des sages, a voulu parer d’une fleur la couronne qui est préparée dans Marseille à celui qui l’aura le mieux loué. Qui êtes-vous, ô vous qui prenez à la gloire de Cook un intérêt si généreux et qu’une vertu si mâle et si sévère a tant émue ? On vous dit étrangère, on vous dit princesse. Qui que vous soyez, étrangère ou citoyenne, plébéienne ou princesse, votre suffrage est glorieux. Car vous êtes du nombre de ceux qui s’égalent aux rois par des passions généreuses et qui font comme eux leurs délices du bonheur des hommes et des fêtes qui sont données à la vertu. Il n’est point d’applaudissement que l’approbation de votre sexe ne rende plus durable. Vous ne l’accordés qu’au mérite solide et la postérité, qui vient de vous, se plaît à confirmer vos jugemens plus encore que ceux des hommes. Il me seroit doux d’être couronné par vos mains et, pour le mériter, je ne dirai de Cook que ce que vous en ont dit ses relations et sa vie. Je le dirai avec cette modération de louanges qui permet de louer longtemps et cette vérité qui rend seule les éloges durables… » Il s’agit de la princesse de Linange, laquelle faisait une partie des fonds que proposait l’Académie de Marseille à son lauréat.

Donc Joubert prépara, — et n’acheva point, — un éloge de Cook le navigateur, pour le concours de l’Académie marseillaise. ; Il vivait alors dans l’intimité d’un certain chevalier de Langeac, très aimable garçon, féru de poésie et de toute littérature, assez riche et qui encourageait le talent, choyait les écrivains, avait un peu l’allure d’un Mécène. Un érudit ingénieux, mais