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antique, contre la poussée, maintes fois répétée, de hordes conquérantes et barbares. De génération en génération, ils se sont transmis leurs traditions, leurs souvenirs. Aucune des attaques qu’ils ont subies, au cours de leur histoire brillante et tourmentée, n’a brisé le lien qui les rattachait à leurs origines et n’a présenté ce caractère de lâche agression, dont la Jeune Turquie vient de marquer leur exode.

J’éprouve, dans ma tristesse, une consolation en pensant que, grâce à notre présence, nous avons pu, mes trois compagnons et moi, soutenir à Phocée, pendant ses derniers jours, le prestige de la France et affirmer, sur ce vieux sol, la tradition d’humanité et d’honneur, dont le renom n’est pas l’un de nos moindres titres en Orient[1]. Je ne puis songer, sans émotion, que la vie de la vieille métropole de Marseille s’est achevée dans les plis de notre drapeau ; c’est vers lui que les derniers regards des malheureux exilés se sont tournés avec reconnaissance ; le nom de la France est le dernier qu’ils ont prononcé, en abandonnant leur antique foyer.


FELIX SARTIAUX.

  1. Je suis heureux de pouvoir maintenant exprimer tous mes remerciemens à M. Colomiès, consul général de France à Smyrne, et au personnel du Consulat général, pour l’aide qu’ils m’ont donnée, et rendre un public hommage à leur noble et courageuse attitude dans ces circonstances si difficiles.