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LE SAC DE PHOCÉE
ET
L’EXPULSION DES GRECS OTTOMANS
D’ASIE MINEURE
EN JUIN 1914

Chargé par le gouvernement français d’une mission archéologique à Phocée[1], sur le site de l’antique et illustre cité ionienne qui a répandu dans notre Provence les bienfaits de l’hellénisme et de la civilisation, j’ai été mêlé et j’ai été amené à prendre personnellement une part assez active aux événemens tragiques qui se sont déroulés, au mois de juin dernier, sur les côtes d’Asie-Mineure et qui ont été couverts jusqu’ici par le silence.

J’avais beaucoup vu, recueilli directement et sur le vif de nombreux témoignages. Mais j’avais considéré que, durant l’accomplissement de ma mission, ma qualité officielle me faisait un devoir de n’adresser mes rapports, mes constatations, mes réflexions qu’au gouvernement et à ceux dont je tenais mes fonctions. Cette mission a été brutalement suspendue dans les

  1. Sur la première campagne, en septembre-octobre 1913, voyez : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, comptes rendus des séances de l’année 1914, p. 6 et suivantes. — De la nouvelle à l’ancienne Phocée, par M. F. Sartiaux, Paris, 1914. La deuxième campagne, commencée le 26 mai 1914, a été brusquement interrompue, le 12 juin 1914, par les événemens dont on va lire le récit.