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que l’État ne se trouvât entraîné, par une dégradation de plus en plus accentuée des terrains compris dans l’intervalle des périmètres, à l’acquisition successive de toutes les montagnes non encore périmétrées, à la suppression complète de leur population.

C’est alors qu’une œuvre désintéressée, l’Association Centrale pour l’aménagement des montagnes, se fonda en 1904 pour conserver aux montagnes leur terre et leur population, et résuma son programme dans la devise : « Sauver la terre de la patrie. »

N’ayant pour arme que la persuasion et joignant l’exemple au précepte, elle adopta une organisation plus souple que celle des services publics, afferma en montagne des milliers d’hectares, les améliora par des procédés simples et peu coûteux sans gêner les populations pastorales, et ses leçons de choses transforment les montagnards en amis de l’arbre qui les plantent à son imitation. Ses opérations bienfaisantes, auxquelles elle a consacré déjà cent cinquante mille francs provenant de ses souscripteurs et des subventions de l’État, de départemens, de villes, de Chambres de Commerce, du Touring-Club et d’autres sociétés, ont été décrites dans la Défense forestière et pastorale. Les nations étrangères cherchent à les imiter, et l’Italie organise à cet effet une collaboration entre l’État et la Fédération Pro Montibus : à la suite de la mission officielle du professeur Pérona, Inspecteur général des forêts italiennes, sur les territoires affectés aux leçons de choses[1] et de leur visite par le président de la Fédération qu’accompagnait le professeur Lino Vaccari, le Gouvernement italien alloue une subvention annuelle de quatorze mille francs à Pro Montibus qui prépare son action sur le terrain en répandant par milliers dans ses fêtes de l’arbre la traduction italienne des conférences et des statuts de l’Association Centrale pour l’aménagement des montagnes. Tout en sachant que le reboisement en montagne présente des difficultés bien supérieures à celui des plaines, les merveilleux débuts de l’Association Centrale dans les Pyrénées comme dans les Alpes permettent de prédire à son initiative désintéressée et à celle de l’Italie qui y est similaire, des résultats comparables à ceux qui ont été obtenus en Danemark, où la Société cultivatrice des

  1. Perona. — L’opera della Association centrale pour l’aménagement des montagnes (L’Alpe, Revista florestale italiana, p. 219, Bologne, 1913).