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associations forestières ; et ces Associations, se heurtant aux mêmes obstacles administratifs, appliquèrent surtout leurs efforts à la propagande et à l’éducation du public, spécialement à celle des jeunes générations, pour lesquelles elles s’attachent à propager les fêtes de l’arbre et les sociétés scolaires forestières-Dans les montagnes, dont le déboisement provoquait l’inondation des plaines, où le problème forestier est infiniment plus difficile qu’en plaine, à cause de son enchevêtrement avec le problème pastoral, l’Etat est intervenu directement à l’appel de Surell, et grâce aux lois de 1860, 1864 et 1882 l’Administration des Eaux et Forêts a dépensé une centaine de millions en admirables travaux qui servent d’exemple à toutes les nations.

Pour faciliter l’urgente exécution de ces travaux, le législateur s’était efforcé d’abord d’écarter la question pastorale, dont les complications économiques sont à peu près inabordables aux services publics, et il se trouva conduit par étapes successives à l’achat des terrains très dégradés compris dans les périmètres de restauration obligatoire. Ces terrains étaient forcément dépeuplés par le seul fait de leur acquisition, mais cette dépopulation pouvait paraître un mal nécessaire et limité à des étendues restreintes, car il était impraticable d’attendre pour protéger les plaines contre l’inondation que les montagnards eussent abandonné des pratiques pastorales remontant à des milliers d’années.

La loi du 2 avril 1882 a cependant prévu la réglementation du pacage communal ; mais, en présence de l’opposition des montagnards, le décret du 11 juillet 1882 a limité cette réglementation aux communes contenant des périmètres de restauration. La zone montagneuse se trouvait ainsi divisée en deux parties : l’une, comprenant environ 70 000 hectares très dégradés, devait être acquise et restaurée par l’Etat : l’autre, seulement en voie de dégradation et évaluée par Demontzey à trois millions d’hectares, restait provisoirement abandonnée à la dévastation des troupeaux. Un service des améliorations pastorales fut d’ailleurs organisé en 1897 pour accélérer la conversion des habitans des montagnes a des habitudes moins destructives.

Après vingt-deux ans d’application, la loi du 4 avril 1882 avait fait progresser les périmètres de restauration obligatoire, caractérisés par le danger né et actuel, de 70 313 hectares qu’ils occupaient en 1889 à 315 062 hectares ; et l’on pouvait craindre