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l’intervalle, leur président avait reçu la visite de plusieurs indigènes notables, accourus pour lui exprimer leur surprise et lui reprocher courtoisement de n’avoir pas eu confiance en eux.

— Ces dames n’auraient couru aucun risque, puisque nous étions là, lui avaient-ils dit, et s’il en eût été autrement, elles auraient trouvé, dans nos harems, asile et protection.

Ce trait confirme ce qui a été dit plus haut du loyalisme des indigènes. On va voir d’ailleurs que, depuis la déclaration de guerre, ce n’est pas seulement par la mobilisation qu’il s’est manifesté. On en trouve une preuve non moins décisive dans la générosité avec laquelle ils ont répondu aux demandes de souscriptions qu’on leur avait adressées en faveur des institutions charitables dont, en Tunisie comme ailleurs, on est heureux de constater l’existence. Ces institutions sont actuellement au nombre de trois : la Croix-Rouge ou Société de secours aux blessés militaires, — l’Union des Femmes de France, — et l’Œuvre tunisienne de secours aux soldats. Celle-ci est de fondation toute récente, les deux autres existaient déjà ; la guerre n’a fait que grandir leur rôle et multiplier leurs bienfaits.

En ce qui concerne la Croix-Rouge, il y a lieu de constater d’abord qu’encore que la mobilisation de la presque totalité des médecins attachés à la section tunisienne ait souvent gêné celle-ci dans son action de chaque jour, elle a pu garder ouvert son dispensaire de Tunis, et ceux qu’elle a créés à Bizerte et sur d’autres points de la Régence. C’était déjà singulièrement méritoire, si l’on tient compte des difficultés de toutes sortes qu’elle avait à résoudre par suite de l’état de guerre ; mais elle a fait davantage. Tenue de fournir en cas de mobilisation quatre infirmeries de gares, elle était prête, en peu de jours, à faire face à cette obligation avec le personnel et le matériel au complet. L’une de ces infirmeries, celle de Bizerte, fut presque aussitôt réquisitionnée par l’autorité militaire pour être affectée, le cas échéant, aux blessés sur mer et transformée au besoin en hôpital auxiliaire. Cette transformation est prévue pour les trois autres. Bien que ces divers services exigent dès maintenant un assez grand nombre d’infirmières, on a pu, au moment de la mobilisation, en verser une quinzaine dans les formations hospitalières de France, et il en reste actuellement à Tunis une vingtaine à la disposition de l’autorité militaire. En attendant d’être employées par celle-ci, elles desservent les divers dispensaires de