Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 24.djvu/483

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aujourd’hui plus que jamais, il importe de ne pas laisser s’affaiblir la reconnaissance qu’ils nous en gardent. D’autre part, il n’est pas moins indispensable de continuer à fortifier incessamment dans ces âmes impressionnables le prestige de notre puissance militaire par des manifestations propres à leur en démontrer le développement si glorieusement attesté par les brillans épisodes de la guerre actuelle. Des marches de troupes comme celles qui ont été faites en ces derniers temps, dans le Nord et dans le Sud de la Tunisie et qui ont montré aux populations nos superbes zouaves, et nos brillans chasseurs d’Afrique, nos canons et nos mitrailleuses, des promenades de prisonniers allemands à travers les villes et les villages, et enfin le retour de tirailleurs et de spahis ayant pris part à quelque grande victoire et pouvant en raconter les péripéties autour d’eux, voilà ce qui parait devoir contribuer le plus efficacement à fortifier chez les indigènes leur confiance dans le’ gouvernement protecteur et, par voie de conséquence, le loyalisme dont ils viennent de nous donner une preuve éclatante, sans que jusqu’à ce jour, d’ailleurs, il y ait eu lieu d’en suspecter la sincérité.

J’ai entendu des gens prétendre le contraire en rappelant la tentative de soulèvement du mois de novembre 1911. A leur opinion, on peut opposer celle des hommes le mieux placés pour voir et savoir. : Ceux-là sont restés convaincus que cette tentative, qui très probablement fut l’œuvre des influences exercées par l’espionnage allemand dont je parlerai tout à l’heure, a été un fait accidentel, isolé, auquel on ne vit prendre part aucune personnalité marquante de la société indigène.

À cette époque, les effectifs des forces métropolitaines en Tunisie étaient très diminués par le départ des troupes envoyées au Maroc et se trouvaient réduits à quelques centaines d’hommes. L’occasion parut propice à des agitateurs pour fomenter, en l’absence du Résident général, appelé à Paris, afin d’y traiter des questions intéressant le Protectorat, un mouvement dans la ville arabe. Réprimé en une journée, ce mouvement fut l’objet d’une enquête destinée à en faire découvrir les auteurs responsables.

Les soupçons s’étaient portés d’abord sur le parti « Jeune-Tunisien. » Comme le parti « Jeune-Égyptien » au Caire et le parti « Jeune-Turc » à Constantinople, le parti « Jeune-Tunisien, » quoique peu nombreux et constituant plutôt une coterie