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LA TUNISIE DEPUIS LA GUERRE

Le loyalisme dont ont fait preuve, dès le début de la guerre, les empires coloniaux de la Grande-Bretagne et de la République française aura été l’un des traits les plus caractéristiques et les plus réconfortans de la période tragique que nous traversons. On sait avec quel empressement ardent et enthousiaste celui du Royaume-Uni répondit à l’appel de la métropole. ! Au Canada, à Terre-Neuve, en Australie, dans l’Afrique du Sud, aux Indes, partout enfin » où flotte le pavillon britannique, les populations affirmèrent superbement leur dévouement que l’empereur d’Allemagne avait eu le tort de croire factice et fragile, et, sous un souffle généreux et patriotique, se dissipèrent comme par enchantement les nuages qui, à un moment donné, avaient pu faire craindre un désaccord entre l’Angleterre et ses possessions d’outre-mer. Ce démenti solennel infligé aux prévisions orgueilleuses de Guillaume II, en des conditions singulièrement imprévues pour lui, constitue, avec ce qui s’est passé en Irlande, l’événement le plus considérable de l’histoire de la Grande-Bretagne dans les temps contemporains.

Le spectacle qu’a donné au monde, dans les mêmes circonstances, l’empire colonial français n’a pas été moins digne d’admiration. Nous avons vu, là aussi, nos compatriotes et les indigènes communier dans l’amour de la France et, comme en France même, l’oubli des dissentimens et des griefs de la veille élevé à la hauteur d’un principe, d’une nécessité de salut national. En Tunisie, pays de protectorat, le seul dont je veuille parler ici, les témoignages de loyalisme ont été tout aussi éclatans que dans nos colonies. Il s’est manifesta avec autant d’éclat que d’unanimité et tout d’abord par l’ordre et le bon vouloir, la rapidité et l’entrain qui ont caractérisé la mobilisation.