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pas moins perdu progressivement ses appuis politiques du début. Et cela ne faisait point le compte de M. Barclay.

La réunion de 1898 eut lieu à Edimbourg et, comme la première, groupa des Français et des Écossais éminens, ce qui contribua sans aucun doute à préparer le déclin du sentiment anti-anglais en France. On devait se réunir de nouveau à Paris en 1899 ; mais tous les efforts de M. Barclay échouèrent contre le ressentiment soulevé par l’affaire de Fashoda. Nous étions de plus en pleine affaire Dreyfus. Les relations anglo-françaises traversaient la crise la plus aiguë qui les eût jamais menacées sous la République.


M. Barclay eut le grand mérite de ne pas désespérer. Il savait qu’ « il y a toujours eu, parmi les Anglais cultivés, en dépit des malentendus diplomatiques, des admirateurs et des amis de la France. » En convaincre les Français, voilà la tâche qu’il s’était assignée. Il n’y en avait pas de plus utile, ni qui fût plus propre à seconder les efforts de la diplomatie.

Nous n’avons pas à retracer ici la suite de ces efforts, et il est à peine besoin d’en rappeler les résultats. La visite du roi Edouard fut l’acte hardi et habile, l’initiative généreuse qui enleva toutes les résistances de l’opinion. Sir Thomas Barclay nous donne sur les antécédens de ce grand événement quelques détails qui en soulignent la portée. Comme président de la Chambre de commerce de Paris, il avait transmis, au printemps de 1900, l’invitation adressée pour l’Exposition prochaine à l’Association des Chambres de commerce anglaises. Il insista dans son discours sur la popularité du Prince de Galles, qui était président de la section britannique à cette Exposition. D’autre part, il faisait une démarche, à l’instigation de « très importans amis français, » auprès de Lord Knollys en vue de pressentir le Prince au sujet d’une invitation à visiter l’Exposition. Il était autorisé par ses amis à assurer Son Altesse royale qu’elle serait accueillie de la manière la plus cordiale et la plus respectueuse et que, étant donnée sa popularité à Paris, sa visite favoriserait certainement et hâterait la restauration de l’amitié anglo-française. Quand il vint prendre la réponse, Lord Knollys l’informa que Son Altesse estimait devoir se ranger à l’avis des conseillers accrédités de la couronne, et que