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LA
MONARCHIE DES HABSBOURG
D'APRÈS LE LIVRE DE H. WICKHAM STEED

Dans les Instructions que recevaient à leur départ les ambassadeurs de notre Ancien Régime, figurait une clause qui devint « de style » à partir du règne de Louis XV : l’ambassadeur devrait à son retour rapporter une Relation détaillée et complète de la Cour et du Gouvernement auprès desquels il aurait été accrédité ; il aurait à renseigner le Roi et son Conseil sur les souverains et les hommes d’État qu’il aurait fréquentés, sur leurs entours et intimité, leurs caractères et habitudes, sur les forces et les ressources de l’État, les sentimens des peuples, la richesse et le commerce des pays, etc., etc.

La plupart des ambassadeurs d’alors suivaient les Instructions de leur ministre : leurs Relations sont aujourd’hui les documens les plus utiles pour qui veut comprendre, et non pas chronographier seulement, l’histoire de l’Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elles ne sont pas bourrées de chiffres. Elles ne donnent même que de rares et incomplètes statistiques. Elles négligent souvent, elles ignorent parfois la géographie, et n’ont aucune prétention à la philosophie historique. Mais, nous expliquant au mieux la machine gouvernementale et nous faisant connaître le personnel qui la dirigeait ou l’actionnait, telle de ces Relations sur la Pologne, sur Gênes ou sur la Rome pontificale, reste, après deux siècles écoulés, le seul tableau qui fasse revivre devant nos yeux tel et tel de ces États défunts.