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rade d’Ostende que s’appuie, un peu à l’Est, vers Blankerberghe, l’angle Sud-Est du champ de mines rectangulaire constitué, il y a une vingtaine de jours, par l’Amirauté anglaise, qui en a très loyalement donné à la publicité les limites précises. Mais ces mines importent assez peu aux sous-marins. Au surplus, se glissant le long de la côte, ils peuvent tourner l’obstacle, d’un côté comme de l’autre. Une objection plus grave est que Ostende est en façade sur la mer, donc peut être bombardé. Sans doute. : Seulement j’ai peine à croire que l’on consentirait à ruiner le beau port belge pour y atteindre, — et même pas sûrement, — quelques sous-marins.

Mais à toutes ces objections nos adversaires ont une réponse péremptoire : ce n’est pas à Ostende qu’ils placeraient leur station de sous-marins, à supposer, bien entendu, que les armées alliées leur en laissent le temps. C’est à Zéebrugge[1], le nouvel et magnifique port maritime de la grande cité flamande de Bruges. Ou plutôt, ce serait à Bruges même, s’il y avait réellement à craindre un bombardement, qu’ils s’établiraient, dans les vastes bassins qui communiquent avec Zéebrugge par un canal de 16 kilomètres de long, creusé à 8 mètres.

Il y a là les installations les plus modernes et les plus perfectionnées avec une usine électrique très puissante. Le débouché du port ou, si l’on veut, du canal maritime de Bruges est couvert par une grande digue courbe, orientée au Nord-Est environ et qui, sur une assez longue étendue, offre un quai accostable, excellent abri pour de petites unités contre les coups du large. La défense de cette position serait facile à organiser, et on peut s’en fier à cet égard aux Allemands. Les plans en sont déjà tracés et le front de mer provisoire sera bientôt prêt à répondre aux assaillans. Soyons assurés aussi qu’ils sont en train de mouiller là, — à la limite des eaux hollandaises et de l’estuaire de l’Escaut, — ces mines automatiques dont ils font un si large usage, mais au milieu desquelles, cette fois, ils auront ménagé un chenal secret pour leurs sous-marins.

Voilà donc très précisément à quoi l’on peut et l’on doit s’attendre : constitution d’une station de sous-marins à

  1. Zéebrugge, à une lieue environ à l’E.-N.-E. de Blankenberghe et à deux lieues de la frontière hollandaise, à l’Écluse, a été créé de toutes pièces, ainsi que le port maritime de Bruges dont il est le débouché, depuis dix ou quinze ans à peine, en vertu d’une loi votée en 1895 par les Chambres belges.