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ANVERS, BASE NAVALE ALLEMANDE

Anvers, évacué par l’armée belge le 7 octobre, a été occupé le 9 par l’armée allemande. Au nombre des troupes qui ont défilé devant l’hôtel de ville de la métropole commerciale et maritime dont la Belgique était à bon droit si fière, on remarquait une division entière de marins. Le lendemain, un contre-amiral allemand était désigné par l’Empereur pour exercer à Anvers des fonctions analogues à celles d’un préfet maritime, et une « information » officieuse de Berlin annonçait « qu’Anvers servirait de base navale dans une campagne contre l’Angleterre où l’on userait à la fois de mines sous-marines et de bateaux sous-marins. »

On ne reprochera pas, cette fois, à nos adversaires de cacher leur jeu, et il est curieux de constater que celles de leurs feuilles qui ont reproduit cette information n’ont rien eu à démêler avec la censure. Quelques optimistes, dans les milieux militaires et maritimes des Puissances alliées, en ont conclu qu’il n’y avait là que la recherche d’un effet moral et un essai d’intimidation à l’adresse de la Grande-Bretagne. Dans le public, au contraire, dans le public anglais surtout, que commence à impressionner l’audace un peu inattendue des sous-marins allemands, on s’est montré disposé à croire que la menace était sérieuse et, l’imagination aidant, on a distinctement aperçu une « armada » allemande escortée de cette flotte de haut bord, invisible jusqu’ici, s’avançant dans un couloir formé par deux haies infranchissables de mines automatiques et flanqué de nombreux groupes de sous-marins.

Voyons donc ici, froidement, ce qu’il faut prendre et ce qu’on peut laisser des trop vives appréhensions des uns comme de l’incrédulité des autres.