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puissance de notre production et aux remarquables progrès de notre élevage depuis vingt ans.

Le lait lui-même n’a pas manqué à Paris dont la population a diminué, il est vrai, d’un million de têtes... et d’estomacs. Le beurre et les fromages ne font jamais défaut. Les variations des cours le montrent et le démontrent même très clairement. Il faut, en vérité, être reconnaissans à nos braves paysans, et à leurs femmes en particulier, d’avoir triomphé partout de d’obstacle que représente le défaut de main-d’œuvre. On ne se doute pas de ce qu’a demandé, par exemple, de peine, de dévouement et de vrai courage, la traite de nos millions de vaches laitières avec un personnel réduit. Or cette opération ne souffre aucun retard. La santé, la vie même des animaux en dépendent !

Une seule chose, à vrai dire, nous préoccupe et pourra nous inquiéter. On a toujours remarqué que les grands mouvemens des troupes — avec le bétail qu’elles traînent à leur suite — avaient pour conséquence la propagation des maladies qui déciment les troupeaux. La Fontaine qui était un « rural » parle, dans une de ses belles fables, d’un mal qui répand la terreur : de la peste faisant aux animaux la guerre. Il avait raison. La peste bovine à elle seule pourrait nous faire subir plus de pertes que les réquisitions allemandes. Gagnant de proche en proche les régions non encore envahies, ce fléau serait redoutable. Il importe que, dans tous les départemens voisins de la zone des armées, le service public des épizooties redouble de vigilance et s’arme de rigueurs non pareilles pour s’opposer à la propagation de toutes les maladies du bétail.

Enfin l’alimentation même des animaux domestiques devra être l’objet de soins particuliers. La difficulté des communications rendra plus malaisé l’achat des matières qui sont très souvent employées pour compléter la ration du bétail. Nous voulons parler des résidus industriels comme les tourteaux de graines oléagineuses. Il faudra suppléer à l’insuffisance des ressources en utilisant d’autres alimens complémentaires.

Le zèle éclairé des professeurs départementaux d’agriculture trouvera une nouvelle occasion de se déployer en renseignant les cultivateurs. Les syndicats agricoles, à leur tour, multiplieront les indications utiles aussi bien que les achats avantageux. Ces syndicats rendront de grands services en procurant