Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 23.djvu/459

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

subies dans les régions envahies. Ces dix départemens possèdent environ :

¬¬¬

1 600 000 têtes d’animaux de l’espèce bovine
1450 000 — — — ovine
654 000 — — — porcine.


Ce troupeau si précieux a sans doute été décimé. Il représente à peu près, pour chacune de ces trois espèces, le dixième de notre stock d’animaux de ferme et une valeur supérieure à un demi-milliard de francs, car le capital correspondant — pour la France entière — est certainement égal à cinq milliards. Le service de l’intendance est, en outre, obligé de faire des achats dans les régions voisines de la zone des armées, et notre troupeau diminue à mesure que la guerre se prolonge, car on ne saurait réduire la ration des troupes en campagne. Cette situation est-elle donc menaçante à l’heure actuelle ? Nous ne le croyons pas. Telle est notre richesse, au point de vue du bétail, que nous pouvons suffire à une augmentation considérable de la consommation, sans que les prix augmentent beaucoup, et les cours, nous le répétons encore, traduisent fidèlement la situation du marché. A Paris même, malgré les difficultés du ravitaillement, la valeur du kilogramme de viande nette n’a pas subi la hausse que l’on pouvait prévoir et redouter. Au moment de la déclaration de guerre, la cote du marché de La Villette s’élevait à 1 fr. 72 et à 2 fr. 60 pour le bœuf et le mouton de première qualité. Jusqu’à la fin d’août, les maxima atteints ont été respectivement de 1 fr. 90 pour le bœuf et de 2 fr. 80 pour le mouton. En septembre, les prix oscillent de 1 fr. 62 à 2 fr. 10 pour le bœuf, et de 2 fr. 06 à 2 fr. 92 pour le mouton.

Ce ne sont pas là des cours de disette. Les marchés de province ont été largement approvisionnés à des prix moins élevés.

A coup sûr, ni l’armée, ni la population civile ne manqueront de viande d’ici bien longtemps. On peut légitimement se préoccuper de l’avenir et se demander comment on reconstituera un troupeau réduit, mais la situation actuelle n’est point inquiétante. Les ressources disponibles ne sauraient nous manquer. Nous devons cette sécurité et cette force à l’extraordinaire