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Insistons maintenant sur ce point, et montrons, en nous appuyant sur des faits précis, dans quelles régions il sera possible notamment de puiser pour assurer notre approvisionnement en ce qui touche le blé, le blé qui nous donne le pain.

La région qui produit la plus grande quantité de froment par rapport à l’étendue de son territoire n’est pas tout entière envahie par l’ennemi. L’Eure-et-Loir, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, ne se trouvent pas dans cette zone, mais figurent, en revanche, parmi les départemens les plus riches en blé. Il en est de même pour la Vendée, dont la production moyenne, comme celle des trois départemens cités plus haut, est presque double de la moyenne française.

Il faut mentionner ensuite les anciennes provinces du Maine et de la Bretagne, sans compter deux départemens normands grands producteurs également, l’Eure et la Seine-Inférieure. Dans cette région, puis dans le Maine-et-Loire, la Charente-Inférieure et les Deux-Sèvres, la puissance productive du territoire varie encore de 300 à 400 hectolitres par 100 hectares, alors que la moyenne française ne dépasse pas 230 hectolitres. Toute cette zone riche en froment peut exporter une grande quantité de grain après avoir assuré la consommation locale. Par suite, l’approvisionnement de Paris se trouve singulièrement facilité. Or l’agglomération parisienne avec sa banlieue représente un groupe de quatre millions d’habitans. Enfin, il nous est encore possible de puiser momentanément à une autre source. La Touraine, la Bourgogne, le Berri et le Bourbonnais produisent également plus de blé que n’en consomme la population de ces régions. Le déficit résultant des pertes subies dans le Nord et le Nord-Est peut être comblé en faisant des achats là où le froment est assez abondant pour permettre des exportations. On doit réussir ainsi à satisfaire les besoins de la consommation pendant un fort long temps. Il ne faut pas oublier, en effet, que d’ordinaire la production française grossie par la récolte algérienne nous permet de nous suffire à nous-mêmes sans importer de l’étranger des quantités considérables. Ainsi, de 1901 à 1910, notre récolte moyenne s’étant élevée à 89 millions de quintaux, nous n’avons acheté au dehors que 3 millions de quintaux seulement. Encore faut-il bien remarquer que, dans ce dernier chiffre, les envois de l’Algérie figurent pour plus de moitié. La récolte de 1911 ayant été un peu inférieure