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fait naître les inquiétudes les plus légitimes. Toutefois ces craintes ont provoqué simplement un relèvement des prix égal à celui que déterminaient les droits de douane avant leur suppression récente. Le cours du blé notamment est resté pour ainsi dire sans changement.

Voici maintenant ce qui s’est passé sur le marché de Paris pendant le mois de septembre. Nous avons relevé les cours cotés par les courtiers pour chaque semaine :

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Dates Blé Avoine
2 septembre 27,50 fr. 23 » fr.
9 — 27,50 fr. 23 »
16 — 27,50 fr. 23 »
23 — 27,50 fr. 24 »
Moyenne 27,50 fr. 23,25


Le prix du blé est absolument stationnaire ; celui de l’avoine n’a subi qu’une hausse de un franc par quintal. Comparée à la moyenne d’août, celle de septembre accuse une baisse pour le blé et une hausse insignifiante de 0 fr. 30 pour l’avoine. C’est là un résultat fort remarquable. Les variations des cours marquent, en effet, d’une façon très précise les fluctuations de l’opinion du public commercial, ses espérances ou ses craintes, sa défiance ou sa confiance.

La fixité des cours démontre, à nos yeux, la confiance et ne révèle, à coup sûr, aucune inquiétude relative aux difficultés possibles de l’approvisionnement général. Il y a plus. Ces cours sont assez élevés pour donner satisfaction aux producteurs agricoles, dont les intérêts pouvaient être momentanément inquiétés par la suppression des droits de douane. En réduisant leurs recettes, une baisse les eût durement éprouvés, au moment surtout où les difficultés relatives à la main-d’œuvre devenaient plus grandes, et l’on peut dire, plus angoissantes que jamais.

On se demande même comment il peut se faire que les événemens actuels n’aient pas provoqué une hausse qu’ils semblaient visiblement légitimer.

Il faut le reconnaître avec joie et avec fierté, le calme dont a fait preuve le monde commercial atteste la bonne organisation de nos marchés et la confiance inébranlable des gens bien informés dans les ressources extraordinaires que possède la France agricole.