Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 23.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ouverts dès le début des hostilités auront pour effet de doubler la dette de l’Empire. Les emprunts se feront malaisément, et à des taux qui légueront de lourdes charges aux exercices futurs. Le placement ne peut en être tenté qu’à l’intérieur, et doit rencontrer d’autant plus d’obstacles que les disponibilités sont moins considérables. Il y a longtemps qu’on reprochait aux banques allemandes d’être trop engagées, à la fois directement dans des entreprises industrielles et commerciales et indirectement par les crédits excessifs qu’elles ont coutume d’accorder. Elles viennent alors demander aide et assistance à la Banque de l’Empire. Celle-ci, au cours des dernières années, a multiplié les avertissemens aux établissemens de crédit en les invitant à augmenter leur encaisse ; en même temps elle n’a cessé d’accroître la sienne propre. Elle a dû, dès les premières semaines de la lutte, augmenter énormément ses escomptes et porter sa circulation presque au maximum statutaire, c’est-à-dire le triple du numéraire. Et encore est-elle autorisée à faire figurer comme espèces les bons de caisse de l’Empire, et a-t-elle dû mettre en portefeuille des Bons du Trésor impériaux pour des sommes importantes.

Ce n’est pas tout. Cette circulation, gagée par un actif bancable, c’est-à-dire des espèces et des lettres de change, n’a pas paru suffisante. On a autorisé l’émission des Bons des caisses de prêt, sortes d’assignats qui ne sont pas gagés par des immeubles, comme ceux de la première Révolution, mais par des garanties mobilières de nature variée. La Banque impériale est tenue de donner ses propres billets en échange de ces bons, qui introduisent un élément très faible dans la circulation. On a été plus loin. Craignant que le milliard et demi de marks de ce nouveau papier restât encore en deçà des besoins, on a encouragé la création de « banques de guerre, » dont l’objet est de faire des avances à ceux qui n’ont aucune garantie à donner. Cet échafaudage de papier n’a pas une base adéquate. L’amplitude qui lui a été donnée confirme ce que nous avons dit de l’impuissance où sont les banques particulières de venir en aide à leur clientèle. Ceci s’applique également aux banques hypothécaires, dont les opérations sont arrêtées par l’impossibilité où elles sont, depuis longtemps, déplacer dans le public leurs lettres de gage. Le gouvernement a cherché à suppléer à ce que ni les unes ni les autres ne pouvaient faire.