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pu organiser sont ceux entre Lubeck et Copenhague, et un certain cabotage dans la mer Baltique. Voici comment la Hansa, journal de la marine allemande, résumait la situation : « L’Angleterre a capturé un grand nombre de nos navires ; la cessation des affaires coûtera cher à nos armateurs. Il s’écoulera un temps bien long avant que cette situation soit reconquise. Alors même que la guerre ne durerait que neuf ou douze mois, le développement de notre commerce maritime est retardé pour des années. »


VII

L’empire colonial allemand n’a pas, jusqu’ici, donné de très brillans résultats. Le prince de Bismarck était opposé à ce que l’activité nationale se dirigeât de ce côté. Il avait peut-être conscience de l’incapacité foncière des Germains de s’assimiler les populations. Ce n’est qu’à une époque relativement récente que les efforts du gouvernement se sont portés vers l’annexion de territoires exotiques. Le Togoland, situé sur la côte occidentale d’Afrique, entre la Côte d’Or anglaise et le Dahomey français, appartenait à l’Allemagne depuis une trentaine d’années ; il commençait à se développer et à se suffire à lui-même, lorsque les Anglais, dès le début de la guerre, l’ont occupé. Les autres possessions allemandes sont : en Afrique, le Cameroun, déjà conquis par nos troupes au mois de septembre, l’Afrique allemande du Sud-Ouest, l’Afrique allemande de l’Est ; en Océanie, les îles allemandes de la mer du Sud. Ce sont de vastes territoires dont l’étendue est six fois celle de l’Empire lui-même : la population indigène est évaluée à 12 millions d’habitans, tandis que le nombre des Européens n’y dépasse pas 25 000.

La domination germanique est mal assise en Afrique. Il y a quelques années, une peuplade native énergique, celle des Herreros, se souleva et donna fort à faire aux troupes allemandes. Un général prussien, qui jouissait cependant d’une bonne réputation militaire, fut rappelé à Berlin après avoir subi des échecs. Il fallut longtemps pour venir à bout de ces indigènes, qui paraissent destinés à faire bientôt partie de l’Union sud-africaine anglaise, tandis que d’autres seront annexés à nos possessions.

Le budget de ces diverses colonies, désignées sous le nom de