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indiquait cependant un recul général d’activité. Les frets étaient tombés très bas et revenus au niveau de 1908, qui avait marque un point extrême dans la dernière courbe de dépression. La crise qui sévit aux Etats-Unis, au Mexique, en Argentine et au Brésil a diminué le volume des transports. Malgré le recul des recettes, les frais d’exploitation n’ont pas fléchi, bien, au contraire. Le renchérissement général, la progression des salaires, les charges imposées par les lois sociales ont été autant de causes de relèvement des dépenses. Les armateurs déclaraient qu’il ne serait pas sage de continuer à prendre dans les ports allemands des mesures contre les navires des autres nations, « attendu qu’ils sont utiles au commerce national. » Mais ils demandent que les droits du pavillon soient maintenus et qu’on s’oppose à la tendance, manifestée par beaucoup d’Etats étrangers, d’intervenir dans les affaires du bord. Ils se plaignent des frais de port à Hambourg, qu’ils trouvent trop élevés. Ils sont muets sur la question des rapports entre les grandes compagnies de navigation allemandes, le Norddeutscher Lloyd de Brème et la Hamburg Amerikanische Packctfahrt Gesellschaft, dirigée par M. Ballin, l’ami de l’empereur Guillaume. Ces deux puissantes sociétés ont été quelque temps en guerre, après avoir dénoncé le cartell qui les unissait ; elles paraissaient avoir trouvé un terrain d’entente, lorsque les hostilités ont éclaté. Le premier résultat de celles-ci est d’enfermer leurs bâtimens dans les ports européens, américains ou asiatiques. Certains d’entre eux, armés en croiseurs, ont été capturés par les Anglais ; d’autres ont été saisis avec leurs cargaisons. Des deux principales compagnies, la Hamburg Amerika Packetfahrt est la plus importante. Son capital est de 180 millions, sa dette obligations de 90 millions de marks. Elle a distribué à ses actionnaires, pour l’exercice 1913, un dividende de 10 pour 100. Le Norddeutscher Lloyd a su, grâce à une politique prudente, et en particulier à l’accumulation d’importantes réserves, se ménager une part convenable dans l’arrangement intervenu. Il reçoit des subventions gouvernementales, notamment pour ses lignes de l’Asie orientale. Les voyages vers l’Australie paraissent devoir être abandonnés, à cause des pertes qu’ils infligeaient à la Société. Le Lloyd ne se loue pas des résultats obtenus au port d’Emden, en dépit des sacrifices que lui et la Packetfahrt ont faits pour le développer.

En attendant, les seuls voyages que la Hamburg Amerika a