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moins que l’Allemagne n’abaissât les droits sur les produits agricoles.

En admettant que le commerce allemand ne soit pas interrompu avec les pays scandinaves, l’Autriche-Hongrie, la Suisse, l’Italie et la Hollande, il l’est avec le reste du monde. Nous ne pensons pas que les stratagèmes auxquels certains exportateurs ont recours leur assurent des débouchés. Un manufacturier d’outre-Rhin adressa récemment une circulaire à ses ex-cliens anglais pour les informer qu’il établit des dépôts en Suisse et qu’il va revêtir ses produits de la marque « fabriqués en Suisse, » afin qu’ils puissent entrer dans le Royaume-Uni. Nous doutons que cet ingénieux négociant reçoive beaucoup de commandes de nos alliés. Les échanges allemands avec les contrées que nous venons de nommer représentent le tiers du mouvement total ; le reste se chiffre par 14 milliards de marks, dont 6 à l’importation et 8 à l’exportation. C’est particulièrement sur ce dernier terrain que nous devons prendre la place des industriels germains. Déjà les Anglais ont constitué des comités, dont la mission est d’éclairer leurs compatriotes sur les voies dans lesquelles ils devront immédiatement diriger leurs efforts. Il ne s’agit pas seulement de faire la guerre à des concurrens, mais d’emprunter les méthodes qui leur ont souvent réussi vis-à-vis de la clientèle étrangère. Les maîtres de forges, les fabricans de produits chimiques ont le champ libre devant eux ; qu’ils se hâtent de se mettre en rapport avec les consommateurs que l’Allemagne ne peut plus servir ; ils sont assurés de recevoir de nombreuses commandes, à des prix rémunérateurs, puisque la concurrence est supprimée. Déjà le prix de l’acier s’est relevé à Glasgow de 40 pour 100 au-dessus du cours pratiqué avant la guerre. Ceci aidera puissamment le commerce anglais : malgré un fléchissement sensible en août, les importations anglaises des huit premiers mois de 1914 ne sont inférieures que de 3,8 pour 100 à celles de la période correspondante de 1913 ; les exportations ont fléchi de 6,9 pour 100. Les journaux d’outre-Manche sont remplis de détails sur l’activité commerciale du Royaume-Uni. Jamais, disent-ils, les docks de Londres n’ont été mieux approvisionnés.

La navigation commerciale allemande est arrêtée. On sait avec quelle ardeur elle s’était développée. Le rapport publié à la veille de la guerre par l’Union des Armateurs hambourgeois sur la période qui s’étendait du 1er juillet 1913 au 30 juin 1914