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industrielles et les maisons de commerce qui voient leurs affaires arrêtées doivent non seulement être dépourvues de tout moyen d’action, mais sont hors d’état de rembourser ce qu’elles doivent aux banques.


V

Ceci nous amène à parler de l’industrie. On sait combien l’Allemagne était fière du développement pris par ses mines et ses usines. Sa production de charbon, qui approche de 200 millions de tonnes de houille et de 100 millions de charbons bruns (braunkohle), la place au troisième rang, après les Etats-Unis et l’Angleterre ; sa production de fer au second rang ; elle n’était inférieure qu’à celle de l’Amérique. En 1913, l’Allemagne a produit 19 millions de tonnes de fonte, et les Etats-Unis 30. Sur d’autres domaines, celui des produits chimiques, elle ne cessait de faire des progrès. Mais, d’une façon générale, beaucoup de ces entreprises travaillaient, dans une trop large mesure, avec du capital emprunté. Elles n’avaient pas, suivant l’exemple de nos sociétés métallurgiques et de nos charbonnages français, accumulé des réserves qui les eussent rendues indépendantes des banquiers.

La métallurgie a vu, dès le début des hostilités, sa production considérablement réduite : au mois d’août déjà, on estimait que les hauts fourneaux travaillaient à peine à 40 pour 100 de leur capacité normale. Dans les manufactures qui fabriquaient en vue de l’exportation, la réduction est encore bien plus forte. Seules, celles qui s’occupent des fournitures militaires maintiennent leur activité. On espère que l’administration des chemins de fer prussiens donnera des commandes : mais, dans l’ensemble, le recul est énorme. L’extraction des mines de charbon en août n’a pas dépassé le tiers de la normale. Au début de la guerre, toute exportation de fer et d’acier avait été interdite. Depuis lors, de nombreux adoucissemens ont été apportés à cette défense : la sortie de beaucoup d’articles a été autorisée. Mais il est douteux qu’elle puisse s’opérer dans une large mesure.

Parmi les industries qui soulîriro.it de la guerre, on doit citer celle du sucre, dont la production annuelle « st d’environ 2700 000 tonnes. De ce total, 1 140 000 ont été exportées l’an