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échange de monnaies divisionnaires d’argent ou de nickel, comme il était tenu de le faire jusqu’ici.

Le Gouvernement a essayé de diminuer le fardeau de la Reichsbank, en créant des Caisses de prêt (Darlehens Kassen) autorisées, elles aussi, à faire, pour des montans qui peuvent descendre jusqu’à 100 marks, des avances sur titres, même étrangers, et denrées non périssables, jusqu’à concurrence de moitié, ou même des deux tiers de leur valeur, et à émettre en représentation de ces avances des bons de caisse d’emprunt (Darlehens Kassen Scheine) en petites coupures, qui descendent jusqu’à 1 mark. Ils sont datés de Berlin le 12 août 1914 et portent la signature des membres de la Commission de la Dette de l’Empire : une mesure analogue avait été prise en 1870, mais le maximum fut alors limité à 100 millions.

Les bons de caisses d’emprunt sont reçus à l’égal des billets de banque. Il paraît peu probable que les emprunteurs seront en mesure de rembourser à l’échéance les prêts, qui leur sont consentis pour une durée maximum de six mois. On doit se demander comment se liquidera cette circulation parasite.


IV

Les bourses allemandes ont été très calmes pendant les premiers mois de 1914, et les cours d’un assez grand nombre de valeurs se sont retrouvés, au 30 juin, presque égaux à ceux du 1er janvier. Au début du semestre, une abondance passagère de capitaux et l’abaissement du loyer de l’argent qui en avait été la conséquence avaient fait concevoir des espérances de hausse qui ne se sont pas réalisées. Il semblerait presque que des indications mystérieuses aient été données à certains personnages, de façon à refréner toute tentative de spéculation. En tout cas, c’est un fait connu que, au début de l’été, la Dresdnerbank conseilla à ses cliens de liquider leurs positions, en prévision d’événemens politiques graves.

D’autre part, les financiers allemands montraient depuis longtemps une extrême froideur à l’égard des émissions de fonds étrangers. Ils ne firent d’exception, au cours des dernières années, que pour les rentes ou les bons du Trésor de l’Autriche-Hongrie, auxquels il était difficile de fermer les portes de l’empire allié, et pour un modeste emprunt roumain de 200 millions.