Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 23.djvu/418

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entraîne pour le souscripteur une responsabilité de 2 000 marks. Les journaux adjurent les citoyens de souscrire aux actions de cette caisse ; ils expliquent aux négocians en gros qu’ils ont le plus grand intérêt à soutenir leur clientèle de détaillans et à se ménager ainsi des acheteurs. La Caisse hambourgeoise, celle de Mayence et d’autres, sont organisées d’après le même principe. Mais, à en croire les plaintes qui se font jour, il ne semble pas que ce remède ait été efficace.

En ce qui concerne les populations agricoles, on les engage à s’adresser aux caisses Raifîeisen, aux caisses d’épargne ordinaires, aux caisses de prêt mutuel. Ce ne sont pas les banques hypothécaires qui pourront leur venir en aide : car elles n’avaient pas attendu la guerre pour être complètement immobilisées. Il n’existe pas en Allemagne, comme en France, un établissement privilégié qui distribue le crédit foncier dans le pays. Ces opérations se font par l’intermédiaire de nombreuses banques (on en compte actuellement 37) qui, au 31 décembre 1913, avaient consenti des prêts sur immeubles pour environ 12 milliards de marks. Elles avaient émis à la même date pour 11 milliards et demi de lettres de gage. Depuis quelque temps, leur action est arrêtée par l’impossibilité où elles se trouvent de continuer le placement de leurs obligations. Pendant toute l’année 1913, elles n’ont réussi à vendre qu’un montant dérisoire de 43 millions, et cela bien que plusieurs d’entre elles soient revenues au type 4 et demi, alors qu’à la fin du XIXe siècle elles empruntaient à 3 et demi et au commencement du XXe à 4 pour 100.

C’est dans leurs rapports avec les pays d’outre-mer que les Allemands sentent, aujourd’hui, le plus vivement la fragilité de leur organisation. Leurs banques établies dans ces contrées ont bien déclaré qu’elles feraient leur possible pour soutenir ceux de leurs cliens nationaux qui s’adressaient exclusivement à elles ; mais elles écartent de prime abord ceux qui ont confié une partie de leurs affaires à des institutions étrangères, notamment à des banques anglaises. Elles sont d’ailleurs dans une situation difficile, puisque les crédits qui, avant la guerre, leur étaient ouverts en Europe, sont fermés. Leur position parait particulièrement précaire au Chili, où, à la fin d’août, il n’avait pas encore été décrété de moratoire et où elles ne peuvent remplir leurs engagemens. En Chine, beaucoup de maisons