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Son intervention dans les affaires d’un groupe qui a beaucoup fait parler de lui dans les dernières années et qui est connu sous le nom de Fuersten Conzern (le syndicat des princes), a eu pour but d’éviter aux marchés indigènes une catastrophe qui aurait eu de fâcheuses conséquences. Elle a dû avancer 100 millions de marks pour empêcher la chute de ces entreprises, qui sont loin d’être liquidées à l’heure qu’il est, et qui, sous des formes diverses, usines, terrains, sociétés de transport, encombrent encore son actif. Mais il fallait à tout prix sauver quelques-uns des plus nobles seigneurs de l’aristocratie prussienne.

Au cours de l’année dernière, la Deutschebank a trouvé dans la cherté persistante de l’argent l’occasion de réaliser des bénéfices considérables du chef de ses. escomptes et avances. Mais elle a subi une perte notable sur son portefeuille de fonds allemands, dont la valeur, qui avait déjà baissé le 31 décembre dernier, est aujourd’hui singulièrement réduite. Elle avait comme actif liquide, composé de l’encaisse, du portefeuille d’escompte, de son avoir chez les autres banques, et de Bons du Trésor allemands, 938 millions, c’est-à-dire cinquante pour cent de ses engagemens, résultant de ses acceptations (284 millions) et de ses dépôts (1 576 millions).

Comment la Deutschebank s’est-elle comportée depuis l’ouverture des hostilités ? Dans quelle mesure le public a-t-il retiré ses dépôts ? Jusqu’à quel point a-t-elle pu mobiliser son portefeuille, soit en le faisant réescompter à la Reichsbank, soit en encaissant les traites échues ? Les mêmes questions se posent pour les autres banques, dont la situation est analogue à celle de la Deutschebank, avec des différences plus ou moins accentuées sur tel ou tel chapitre. Comme cette dernière passait pour être une des plus liquides, les autres ont dû éprouver encore plus de difficultés qu’elle. Les industriels et les commerçans, habitués à compter sur un concours très large de la part des banques, ont plus besoin que jamais de leur appui ; la vente des stocks de marchandises est ralentie ou suspendue, ce qui empêche les fonds de roulement de se reconstituer et prépare des difficultés d’autant plus grandes que la campagne se prolongera davantage.

Les banques sont hors d’état de venir en aide à l’industrie qui, selon la forte expression d’un journal berlinois, la Vossische Zeitung, a été pulvérisée par la guerre. Au 28 février 1914,