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En réalité, les écritures de la comptabilité publique ne se présentent pas avec cette simplicité. Le budget allemand comprend un budget ordinaire et un budget extraordinaire. Le premier se subdivise en deux chapitres, celui des dépenses permanentes et celui des dépenses transitoires. Pour permettre au lecteur de mieux saisir l’importance des crédits affectés à chaque service, nous avons groupé sous une même rubrique les montans dispersés dans les trois budgets. C’est ainsi que notre tableau montre que l’armée et la marine étaient dotées de nos millions de marks [1], soit 2 130 millions de francs ; mais ces 1 705 millions n’apparaissent pas au premier coup d’œil dans le document officiel, parce qu’ils sont répartis dans six chapitres distincts.

Le budget allemand a longtemps été dans une situation précaire [2]. Le déficit était chronique. On le couvrait au moyen de contributions dites matriculaires, que les Etats particuliers versaient à l’Empire, et d’emprunts : il ne se passait pas d’année sans qu’un appel fût adressé au crédit. Le premier effort sérieux pour sortir de ce malaise invétéré fut tenté, il y a quelques années, par M. de Stengel, qui resta quelque temps secrétaire d’Etat à l’office du Trésor : il institua une série d’impôts nouveaux et simplifia les rapports financiers de l’Empire et des confédérés. Son œuvre a été complétée, en 1913, par le maintien de surtaxes au timbre et une élévation des droits de succession.

A l’origine, l’Empire rétrocédait aux Etats particuliers une proportion déterminée des impôts indirects qu’il percevait. On a réduit aujourd’hui à deux les taxes qui se répartissent ainsi. Tout en recevant des subsides, les Etats versent à leur tour à l’Empire des sommes annuelles, qui sont tantôt inférieures, tantôt supérieures à ce qu’ils encaissent eux-mêmes. Il serait plus simple de supprimer cette complication. Mais les confédérés tiennent à garder, sur les finances impériales, un certain droit de contrôle, qu’ils craignent de perdre en renonçant à tout prélèvement opéré en leur faveur.

Jusqu’à une époque récente, les ressources du budget consistaient en impôts de consommation, perceptions douanières, et

  1. Le mark vaut 1 fr. 25 de notre monnaie. Tous les chiffres du présent article seront exprimés en monnaie allemande, sauf indication contraire.
  2. Voyez, dans la Revue du 15 juillet 1913, notre étude sur Les Armemens financiers de la France et de l’Allemagne.