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REVUE LITTÉRAIRE

L’AUTEUR DE « PALUDES »

Voici Les Caves du Vatican, sotie, par l’auteur de Paludes [1]. Et l’auteur de Paludes, c’est M. André Gide, on le sait bien ; Paludes, une autre « sotie, » ou gai récit, chargé de maintes significations. A la fin de Paludes, il y a une « table des phrases les plus remarquables de Paludes. » L’auteur n’en cite que deux et, « pour respecter l’idiosyncrasie de chacun, » laisse à tout lecteur le soin de choisir à son gré le reste. Nous choisirons : « Avant d’expliquer aux autres mon livre, j’attends que d’autres me l’expliquent. Vouloir l’expliquer d’abord, c’est en restreindre précocement le sens, car si nous savons ce que nous voulions dire, nous ne savons pas si nous ne disions que cela... Et cela surtout m’y intéresse que j’y ai mis sans le savoir, cette part d’inconscient, et que je voudrais appeler la part de Dieu... » Et puis : « Pourquoi écrivez-vous ? reprit-elle après un silence. — Moi ? je ne sais pas ; probablement que c’est pour agir. » Et puis : « J’arrange les faits de façon à les rendre plus conformes à la vérité que dans la réalité. » Et puis : « Ils n’admettent pas que l’on soit, comme le temps d’azur et des nuées, un composé mal défini de rire et de mélancolie. » Et puis encore : « On a cru que je me moquais du lecteur. Qui l’a cru ? — Un lecteur. — Tant pis pour qui l’a cru ; je voulais simplement rire avec lui et de moi-même : il ne faut rire que de soi... » Et puis enfin : « On considère trop les idées comme des mortes, où la logique peut opérer ; tandis que ce sont elles qui vivent, et qui vivent à nos dépens... Nous sommes voués à l’idée. » Il me semble que la réunion de

  1. Éditions de la Nouvelle Revue française.