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Comblez par un plus grand nombre d’exemplaires ce large besoin de lire l’Évangile, qu’a fait naître votre zèle : cela ne sera jamais sans fruit, et cela en outre sera efficace pour faire tomber l’opinion d’après laquelle l’Église répugnerait à faire lire l’Écriture sainte au vulgaire ou y mettrait quelque obstacle.


Du fond des bureaux de la secrétairerie d’État, du fond de ces laboratoires où se concerte l’action diplomatique de l’Église, la pensée de Mgr della Chiesa, s’envolant vers les sources très hautes et très pures d’où descendit le message de Dieu, aspirait à familiariser d’innombrables âmes avec l’Évangile. Telle était la distraction de ce prêtre, et tel était son repos, entre deux rédactions de dépêches ministérielles.

Puis sept années survinrent, durant lesquelles, installé sur le siège archiépiscopal de Bologne, il eut à faire acte de pasteur d’âmes, exclusivement, et durant lesquelles il put connaître à fond les rouages d’un diocèse, avec autant de précision qu’il avait appris à connaître ceux de la Curie. Cardinaux qui souhaitaient un Pape pasteur, et cardinaux qui souhaitaient un Pape homme d’État, furent aisément conduits à coaliser leurs suffrages pour couronner de la tiare une expérience aussi complète de tous les besoins de l’Église.


« Vous resterez avec moi, » disait Benoit XV à l’un de ses électeurs quelques minutes après le dernier scrutin ; et l’univers chrétien, dès le lendemain, connut la nomination du nouveau secrétaire d’État. En appelant auprès de lui le cardinal Domenico Ferrata, Benoit XV faisait entrer dans ses conseils l’un des héritiers les plus avisés des traditions diplomatiques romaines. Les premières armes de ce futur cardinal, au temps où il était encore jeune prêtre, lui méritèrent d’inscrire son nom dans l’histoire religieuse de la Suisse et dans l’histoire religieuse de la Belgique. C’était au début du Pontificat de Léon XIII : les rapports entre Rome et la plupart des nations paraissaient assez compromis. L’Allemagne bismarckienne avait l’illusion de pouvoir mesurer sa force matérielle avec l’ascendant spirituel de l’Église ; ce précédent, quelque médiocre qu’en eût été le succès, semblait faire école pour d’autres peuples. La Suisse, plagiant Bismarck, emprisonnait ou proscrivait ses prêtres ; la Belgique