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Vatican pour gouverner un diocèse, ce fut son rôle professionnel de regarder l’Europe et d’insérer, jour par jour, son assidu travail dans la trame de la politique pontificale. L’illustre Benoit XIV, qui parlait librement de son insignifiant prédécesseur Benoit XIII, déclarait un jour, dans une lettre, que ce Pontife n’avait « pas eu la première idée du gouvernement ; » on peut affirmer que ce n’est pas à Benoit XIII que ressemblera Benoit XV.

Tout en même temps, Mgr della Chiesa savait cumuler avec ses fonctions de substitut à la secrétairerie d’Etat la direction d’un tiers-ordre franciscain destiné aux ecclésiastiques ; et l’un des rares travaux de librairie dont il se soit octroyé le loisir est la préface dont il a fait précéder un livre d’un chanoine de Bologne intitulé : Le prêtre. A l’école du cardinal Rampolla, dont Rome entière admirait la haute sainteté, Mgr della Chiesa sut observer comment une âme de prêtre peut prendre contact avec les combinazioni des intérêts humains sans perdre de vue le divin absolutisme des vérités souveraines. Tandis que le cardinal Rampolla, s’enfonçant dans les catacombes, aimait à s’agenouiller devant la tombe des premiers martyrs et semblait ainsi chercher, sous terre, un premier avant-goût de l’Eglise d’en haut, Mgr della Chiesa, de son côté, rompait volontiers ses dialogues avec les représentans des chancelleries, pour s’en aller à l’église Saint-Eustache confesser quelques humbles fidèles, et pour épancher le meilleur de son cœur dans certaines homélies ; et lorsqu’il avait parlé de la terre avec les grands du monde, il s’en allait près des petits, pour leur parler de Dieu.

II témoignait du goût et du dévouement pour les initiatives qui visaient à répandre parmi les catholiques de Rome la connaissance de l’Evangile et l’habitude de le lire. Lorsque, dans les premières années du pontificat de Pie X, la Société romaine de Saint-Jérôme lança dans les diocèses d’Italie, et puis dans ceux de France, des éditions populaires du Nouveau Testament et des Actes des Apôtres, l’intermédiaire qui sollicita et obtint pour cette œuvre les plus formels encouragemens du Vatican n’était autre que Mgr della Chiesa. Le fruit de ses démarches fut une lettre pontificale, trop peu connue en France, dans laquelle Pie X écrivait au cardinal Cassetta :


Le bien entrepris par la Société de Saint-Jérôme est d’offrir à la mases entière une occasion facile de lire l’Évangile à fond et de s’en pénétrer.