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suspendues. C’était par millions que se comptaient les actions et les obligations titres expédiées d’Allemagne pour être réalisées à New-York.

Depuis quelque temps déjà des expéditions d’or considérables avaient lieu d’Amérique en Europe. Mais, à la longue, il est certain que les États-Unis seront le seul pays du monde qui s’enrichira pendant la guerre : d’une part, il aura occasion de racheter à de très bas cours le papier dont les belligérans voudront se défaire ; d’autre part, il leur vendra, à de hauts prix, les matières premières dont ils auront besoin, à commencer par les céréales, dont la récolte est excellente chez lui, la viande, le pétrole, les cuirs, en un mot tout ce que réclament les armées en campagne et les consommateurs restés dans leurs foyers. L’ensemble de ces considérations nous fait croire que le marché américain sera le premier à se rouvrir, et que les transactions ne tarderont pas à y reprendre de l’ampleur.

Des dépêches nous apprennent déjà que la Chambre de compensation de New-York s’est réunie et a arrêté des mesures pour faciliter les échanges au comptant : la seule condition imposée est qu’ils ne se fassent pas à des cours inférieurs à ceux qui étaient pratiqués avant la clôture de la Bourse.

En Belgique, un moratoire permet aux banques de ne rembourser à chaque déposant que mille francs et 10 pour 100 de l’excédent.

Des Bourses allemandes et autrichiennes il nous est très difficile de parler. Aucun renseignement ne nous est parvenu sur leur situation. Les transactions sont nulles à Berlin. Les mesures fiduciaires et monétaires prévues par la loi de 1913 ont dû être mises en vigueur : augmentation des billets d’Etat (Reichskassenscheine), frappe extraordinaire de monnaies d’argent. L’Autriche-Hongrie, très éprouvée depuis deux ans par le contre-coup de la guerre balkanique, doit souffrir également. Déjà on annonce que les billets de banque allemands et autrichiens sont fortement dépréciés par rapport au métal.

Les quelques pays européens qui sont restés neutres ressentent eux-mêmes le contre-coup économique des événemens. En Espagne, les fonds publics sont brusquement tombés de 10 pour 100. La Banque d’émission a été autorisée à porter la limite maximum de sa circulation de deux milliards à 2 500 millions de pesetas ; on vertu d’un décret du 6 août, la Banque d’Espagne