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de marchandises américaines dépassent singulièrement les importations de produits étrangers ; c’est précisément l’écart entre ces deux chiffres qui permet d’acquitter sans difficulté les dépenses dont nous venons de parler, les débours des voyageurs et le service des titres possédés par des Européens. Dans les dernières années, les Etats-Unis vendaient aux Puissances actuellement engagées dans la lutte, pour un milliard de dollars de plus qu’ils ne leur achetaient. Une bonne part de ces exportations consiste en denrées d’alimentation, en métaux et en combustibles, notamment en pétrole ; la guerre ne diminue pas les besoins de ces objets, qui vont donc continuer à être expédiés et à procurer de l’or aux Américains. A la faveur de ces transactions, les affaires en changes, qui ont été presque arrêtées pendant quelques semaines, vont probablement reprendre un cours normal. Chose curieuse, le dollar, dont la valeur en or n’a pas été mise en doute un seul instant et qui équivaut intrinsèquement à 5 fr. 18 de notre monnaie, est tombé un moment bien au-dessous de 5 francs. Quelques affaires se sont faites au cours invraisemblable de 4 fr. 50. Cette anomalie ne peut s’expliquer que par des besoins urgens d’instrumens de paiement français, que les détenteurs de monnaies américaines ou de chèques sur les Etats-Unis voulaient se procurer sur l’heure, à n’importe quel prix.

Le rétablissement du marché du change importe au plus haut degré à la communauté commerciale ; elle le réclame avec instance. Les moratoires décrétés dans divers pays sont un obstacle ; mais comme ils ne s’appliquent pas aux obligations contractées postérieurement aux dates auxquelles ils ont été promulgués, il semble que le moment approche où exportateurs et importateurs pourront conclure leurs marchés avec la certitude de payer ou de recevoir des sommes déterminées. Déjà le cours du dollar est revenu aux environs de 5 francs. L’or circule librement en Amérique : 100 millions de dollars de métal ont pu être exportés de New-York en Europe durant les quelques semaines qui avaient précédé la guerre.

Les Anglais, de leur côté, font de grands efforts pour rétablir le marché des changes. Un avis de la Trésorerie, publié le 4 septembre, annonce que la Banque d’Angleterre fournira aux accepteurs de traites antérieures au moratoire les fonds nécessaires au paiement des dites traites. Ce paiement dégage les tireurs et