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LES EFFETS DE LA GUERRE
AUX ÉTATS-UNIS


I

Ce n’a pas été une des moindres surprises des temps derniers que de voir la répercussion profonde causée à New-York par l’ouverture des hostilités en Europe. Un observateur superficiel aurait pu croire que ce grand pays, séparé du théâtre de la guerre par l’immensité de l’Atlantique, ne devait pas avoir à souffrir des maux qui s’abattent sur nous et qu’au contraire il profiterait de l’interruption ou du ralentissement de la vie économique dans l’Ancien Monde pour développer ses affaires et sa prospérité. Mais il eût oublié, en raisonnant de la sorte, deux faits : le premier, c’est que l’organisation économique moderne a rendu les peuples solidaires et que, par conséquent, ce qui atteint les uns ne saurait laisser les autres ni indifférens, ni insensibles aux épreuves de leurs voisins ; le second, c’est que les États-Unis, malgré leur richesse, sont encore tributaires de l’Europe ; celle-ci détient une fraction importante de leurs valeurs mobilières ; en outre, les voyageurs américains lui apportent tous les ans des sommes importantes pour acquitter leurs frais de séjour et les acquisitions qu’ils ont coutume de faire à Paris, à Londres et dans d’autres capitales.

Le premier effet de la guerre est d’arrêter la vente de tout ce qui n’est pas objets essentiels à la vie. Les articles de luxe sont les premiers à souffrir de cet état de choses ; il n’est pas besoin d’insister sur le fait que les Américains manqueront