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de Thierry et de ce duc en termes tels qu’on voit bien que leur fidélité était plus que douteuse.

III

Voyons maintenant ce qui se passe quand le roi de Germanie Henri II meurt en 1024 (13 juillet), à une époque où Gozelon avait succédé à son frère Godefroi de Verdun dans le duché de Basse-Lorraine, et où, dans la Haute-Lorraine, Frédéric II, gendre du duc de Souabe et d’Alsace, avait été associé à son père Thierry Ier, qui vivait toujours.

Il semblerait que Gozelon dût hériter de l’inimitié qui avait longtemps régné entre son frère Godefroi et la famille des Régnier, les fidèles partisans du roi de France. Thierry Ier, de son côté, s’était trouvé en violent et prolongé conflit avec Eudes II de Chartres, à qui des possessions étaient provenues en Haute-Lorraine du traité par lequel Godefroi l’Ancien de Verdun avait dû racheter sa liberté d’Eudes Ier et de Herbert.

Eh bien ! toutes ces luttes allaient s’apaiser comme par enchantement pour faire place à une entente des ducs de Basse et de Haute-Lorraine avec le roi de France Robert.

Les deux compétiteurs franconiens à la succession de Henri II se rattachaient par leur parenté à la Lorraine. L’un était Conrad l’Ancien, le neveu de Gérard, comte de Metz, l’autre Conrad le Jeune, le beau-fils de Frédéric II. Les ducs des deux Lorraines se mirent d’accord pour donner la préférence à Conrad le Jeune : Gozelon apparemment parce que Conrad l’Ancien avait soutenu les Régnier, Thierry et Frédéric parce qu’ils attendaient un surcroît de puissance de l’avènement de leur jeune parent. Or, à l’assemblée réunie à Camba le 4 septembre 1024, c’est la candidature de Conrad l’Ancien qui l’emporta.

À qui alors les ducs lorrains s’adressent-ils ? Au roi de France Robert. Et à quelle fin ? Ce ne peut pas être pour lui demander aide et secours, en faveur de leur candidat, puisque non seulement l’élection est faite et Conrad l’Ancien couronné, mais que Conrad le Jeune s’est solennellement désisté à son profit et soumis à son autorité. Il faut donc admettre qu’ils ont voulu reconnaître Robert comme légitime souverain, à titre de chef du regnum Francorum et de successeur des Carolingiens.

Cela ressort clairement, en effet, de la lettre écrite à Robert