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L’ALSACE-LORRAINE ET L’ALLEMAGNE.

après le partage de 855 entre les fils de Lothaire Ier, continué à former le siège du gouvernement et la résidence du roi, et c’est ainsi qu’elle devint le regnum Lothariense, qui comprenait l’Alsace et avait des dépendances en Bourgogne.

Après la mort de Lothaire II, le roi de la France occidentale, Charles le Chauve, revendiqua la couronne de Lorraine, par préférence à l’empereur Louis, en se prévalant de l’antique coutume franque qui donnait à la royauté pour assise l’élection dans une famille prédestinée. Au droit successoral de son neveu il oppose le libre choix des Francs austrasiens, des Lorrains. Encore que le pape Adrien II soutînt la cause de Louis II, les évêques lorrains présentèrent le roi de France comme l’élu de Dieu et du peuple, leur élu unanime même, et, à ce titre, le légitime héritier de la couronne, choisi qu’il avait été dans la famille carolingienne. Charles le Chauve fut solennellement couronné et sacré roi de Lorraine, le 9 septembre 869, dans la cathédrale de Saint-Étienne de Metz, puis reconnu en Alsace.

De cette couronne Louis le Germanique arracha un fleuron par la force. Sous la menace d’une invasion, Charles le Chauve dut abandonner, par le traité de Mersen (870), le cours du Rhin avec Metz, Trêves et le diocèse de Strasbourg, alors qu’il retenait Toul et Cambrai. C’était un morcellement anormal et provisoire. La France du milieu n’était atteinte que dans son étendue, et non point dans son existence nationale. Charles le Chauve continua à dater ses diplômes lorrains du jour de son couronnement à Metz, tandis que Louis le Germanique ne se fit pas couronner roi de Lorraine orientale et data ses diplômes de son avènement de roi de Germanie.

Les trois Francies, on le sait, furent momentanément reconstituées et réunies sous le sceptre de Charles le Gros. Quand l’unité se disloqua de nouveau, seule la Francie orientale ou germanique reconnut le bâtard de Louis le Jeune, Arnulf. La France du milieu, la Lorraine, par suite de la minorité de Charles le Simple et de l’usurpation du neustrien Eudes, se donne au nouveau roi de Bourgogne transjurane, Rodolphe, qui est sacré à Toul et reconnu par l’Alsace. Rodolphe ne put tenir devant les forces dont disposait Arnulf et celui-ci employa alors toutes les ressources dont il disposait pour faire accepter son bâtard Zwentibold comme roi par les Lorrains. Ils commencèrent par lui opposer un catégorique refus. Ceci se passait à