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LA PREMIÈRE RÉUNION À L’ALLEMAGNE
DE
LA LORRAINE ET DE L’ALSACE
ÉTAIT-ELLE FONDÉE EN DROIT PUBLIC ?[1]


Les historiens français modernes ont trop facilement passé condamnation sur la légitimité de la première annexion allemande de la Lorraine et de l’Alsace ; ils ont admis, sans preuve suffisante, qu’elle avait sa source dans des actes diplomatiques réguliers, dans les partages carolingiens et les traités qui les avaient suivis. Si ce procès a besoin d’être révisé, on jugera sans doute que c’est plus que jamais à l’heure présente où les armées alliées rivalisent de bravoure et d’héroïsme pour la sainte cause du droit.

Sans doute, ce ne sont plus les droits historiques du moyen âge qui se trouvent aujourd’hui en cause : ce sont les droits de la civilisation contre cette régression barbare dont a parlé si noblement M. Bergson, le droit pour les nations de disposer d’elles-mêmes ; le droit de sauvegarder leur liberté, leur culture et jusqu’à leur existence contre une oppression sans mesure et sans merci. Mais précisément le nœud même du procès que je voudrais réviser est là.

  1. Cette étude a été élaborée sur une base documentaire longuement mûrie en vue de la publication du tome IV des Origines de l’ancienne France de M. Jacques Flach.