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garantir l’exactitude du renseignement, mais il vient de sources nombreuses et sérieuses et n’a rien que de vraisemblable. Et, s’il n’est pas vrai aujourd’hui, il le sera demain. Dans ses grands traits, la campagne se dessine donc ainsi : défaite de l’Autriche, laquelle a mérité son sort pour avoir manqué à sa mission historique qui était de contribuer à l’équilibre de l’Europe ; marche victorieuse des Russes vers l’Ouest ; échec, en France, du plan de guerre allemand, grâce à l’admirable ténacité de l’armée anglo-française qui supporte aujourd’hui l’énorme poids de presque tout l’effort allemand et n’en est pas écrasée.

Parlerons-nous de la situation des Balkans ? Elle évolue sans avoir pris encore une forme déterminée. La Turquie hésite, affirme sa neutralité et poursuit ses armemens. La Roumanie hésite, elle aussi, tentée par l’occasion qui se présente à elle de compléter son unité nationale aux dépens de l’Autriche et retenue par les résistances de son Roi qui ne saurait oublier qu’il est un Hohenzollern. Toutefois, si la Roumanie laisse échapper l’occasion, la retrouvera-t-elle de longtemps ? La Bulgarie observe. La Grèce se sent menacée par la Turquie et se prépare. La Serbie vient de s’emparer de Semlin, qui couvre Belgrade : c’est un beau succès et un gage pour l’avenir. Mais on ne voit de situation nette qu’en Albanie. Nette est beaucoup dire, car il est difficile de démêler les intrigues qui se croisent dans tous les sens. Durazzo a été pris par les insurgés musulmans et le lamentable prince de Wied est parti sur un navire italien, les autrichiens n’étant pas disponibles. Il a adressé une proclamation à son peuple pour lui dire qu’il partait pour quelque temps, qu’il allait Seulement prendre un peu d’air, mais qu’il reviendrait bientôt, et que, en attendant, il ne passerait pas un jour sans penser à eux. Les Albanais sont si ingrats qu’ils ne le paieront peut-être pas de retour. Telle est la fin de cet intermède, qui a été mêlé de comédie et de drame, et c’est la seule qu’il méritait. Mais la situation ne s’en trouve pas éclairée. Il n’y a rien de changé en Albanie ; l’anarchie continue d’y régner en maîtresse ; il n’y a qu’un prince de moins.

Avons-nous besoin de dire que l’Italie suit le développement de cette situation d’un œil extrêmement attentif ?


Le conclave a été un des plus courts qu’on ait eus, sans doute parce que l’Église catholique savait parfaitement ce dont elle a besoin aujourd’hui et se l’est assuré tout de suite. Le cardinal délia Chiesa, archevêque de Bologne, a été élu Pape à la. place de Pie X. Il n’a que soixante ans, ce qui est jeune pour un Pape, et ce qui donne à croire