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qu’un but fiscal, sont libres d’agir à leur gré. Il est donc plus difficile de préparer ce que nous avons appelé la mobilisation financière que celle des armées. A plusieurs reprises, il avait été question, en France et dans d’autres pays, de soumettre les sociétés de dépôt à une législation spéciale. Les événemens auxquels nous assistons augmenteront peut-être le nombre des partisans de cette mesure. Mais, jusqu’ici, le Gouvernement n’exerçait aucune action sur les sociétés de crédit, tout au moins en ce qui concerne la gestion de leurs dépôts. En ce qui concerne l’introduction sur le marché de valeurs mobilières, particulièrement des fonds d’États, actions et obligations de villes ou corporations étrangères, le ministre des Finances et celui des Affaires étrangères interviennent. Et comme plusieurs de nos sociétés de crédit ont, au cours des dernières années, placé dans leur clientèle une très grande quantité de ces titres étrangers, elles ont été constamment en rapport, à ce sujet, avec le Gouvernement. L’influence de celui-ci s’est-elle exercée avec discernement? a-t-elle porté tous les fruits que d’aucuns se croyaient en droit d’en attendre ? Ce n’est pas l’heure de discuter cette question, qui devra être reprise après la guerre, et soigneusement étudiée. On peut toutefois dire, dès à présent, qu’il n’apparaît pas que les pouvoirs conférés aux ministres aient eu pour résultat d’écarter de notre marché des titres de la catégorie de ceux que les Anglais qualifient d’indésirables. Maintes émissions, faites avec ce que le public considère comme une estampille officielle et qui n’était, en réalité, qu’une sorte de visa de l’autorité, ont coûté cher à l’épargne et immobilisé des sommes considérables, dont l’absence se fait sentir en ce moment.

Quoi qu’il en soit, il convient d’examiner quelle était la situation de nos banques au début de l’été 1914, à la veille de la déclaration de guerre, qui éclata d’une façon si imprévue, et quelle était aussi celle de la Bourse de Paris. Au sujet de cette dernière, il conviendra de distinguer le marché des rentes françaises et celui de l’ensemble des autres valeurs. Nous indiquerons, pour chacune des catégories, les mesures législatives et autres qui ont été prises. Dans une dernière partie, nous donnerons les renseignemens sommaires qui nous sont parvenus sur la situation de quelques marchés étrangers et nous rappellerons au public certains principes essentiels qui devraient guider sa conduite dans les circonstances actuelles.