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LA
MOBILISATION FINANCIÈRE


I

Notre mobilisation militaire s’est accomplie dans un ordre parfait. Notre état-major a profité des leçons du passé. La plupart des reproches qu’il avait encourus à des époques antérieures ont pu lui être épargnés en 1914. Voyons si la préparation financière a été aussi bonne et si la mobilisation des capitaux s’est opérée avec la même précision et la même rapidité que celle de nos régimens.

Nous ferons tout d’abord remarquer que le problème ne se présente pas de la même façon sur les deux domaines. En matière militaire, tout est dans la main du Gouvernement. Une fois les lois votées, le ministre de la guerre est le maître absolu : tous les citoyens sont tenus d’obéir à la minute aux ordres qui leur sont communiqués par voie d’affiches ou d’avertissemens individuels, et chacun de nous a vu comment les hommes faisant partie de l’armée active, de la réserve ou de la territoriale ont répondu à l’appel. Beaucoup d’entre eux l’ont devancé, sans parler de ceux qui, libérés de toute obligation, ont demandé à reprendre du service. En matière financière, au contraire, nous sommes sur le terrain de la liberté, de l’indépendance, sauf en ce qui concerne la frappe des monnaies et l’émission des billets. Les établissemens de crédit, les banques particulières, les banquiers privés, pourvu qu’ils se soumettent aux lois générales du pays et à certaines lois spéciales qui ne visent