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motifs dont s’inspirèrent les belligérans avant d’en venir aux mains, récits justificatifs publiés par les personnalités qui avaient eu alors la lourde charge du gouvernement et par celles qui, à des titres divers, avaient contribué à l’attaque ou à la défense de notre territoire, rien n’a manqué à la vaste enquête ouverte du côté des vainqueurs comme du côté des vaincus, à l’effet d’établir les responsabilités d’un événement qui a transformé, pour un temps, les assises de l’équilibre européen.

Toutefois l’auteur du rapport, signalant le caractère incomplet et parfois tendancieux de ces nombreux travaux, en tirait cette conclusion qu’en vue de combler des lacunes inévitables, il était devenu nécessaire « de réunir et de mettre au jour, dans un esprit de complète impartialité, des documens qui permettraient de raconter en pleine connaissance de cause l’histoire d’une époque si féconde en enseignemens. » — « Les conséquences de la guerre, ajoutait-il, ont été infinies ; quelles que soient les idées qui prévalent à cette heure à leur sujet, l’intérêt paraîtra capital de bien déterminer le rôle et les responsabilités de chacun dans sa préparation, dans sa déclaration et dans les négociations qui l’ont précédée, accompagnée ou suivie. Il ne sera pas d’un moindre intérêt de préciser les causes de notre isolement à l’heure où les hostilités s’engagèrent et les motifs pour lesquels telles Puissances, sur l’aide desquelles nous étions peut-être en droit de compter, nous ont fait défaut. »

Rechercher les origines diplomatiques de la guerre, complément nécessaire de l’étude de ses origines historiques, tel était donc l’objet de la publication que la Commission entreprenait. On en comprendra l’importance lorsque nous aurons dit que les neuf volumes actuellement parus, bien qu’ils n’embrassent qu’une période de trois années, 1863-1866, ne contiennent pas moins de deux mille cinq cent trente dépêches, lettres ou circulaires, datées de toutes les capitales de l’Europe et au bas desquelles se trouve la signature des divers personnages qui composaient alors l’élite de la diplomatie. Ce vaste recueil atteste l’effort méritoire de la Commission et permet de prévoir qu’il ne lui en faudra pas un moins grand pour mener sa tâche à bonne fin. Il est vrai qu’elle en sera dédommagée par la gratitude des historiens qui auront désormais sous les yeux la presque totalité des documens propres à donner plus d’autorité à leurs récits, surtout si les gouvernemens étrangers suivent