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tir indirect, nous aurions atteint, — probablement par-dessus l’isthme de la baie de Traste, — des navires autrichiens mouillés dans la baie de Teodo, où la marine imperiale a, depuis longtemps, un établissement d’une certaine importance.

Tout cela est très bien et doit être considéré comme un bon préambule à l’attaque de Pola. Pourrons-nous pénétrer dans les bouches, en dépit des mines que la marine autrichienne a certainement disposées dans les trois ou quatre étranglemens qui en resserrent le plan d’eau ? C’est un point douteux et peut-être une opération peu désirable.

On a parlé de l’intérêt qu’il y aurait, avant de rien entreprendre contre Pola, de s’assurer une base d’opérations secondaires dans une des îles de la Dalmatie. Un coup d’œil sur la carte montre tout de suite que c’est toujours Lissa qui remplirait le mieux le rôle dont il s’agit. Dans quel état sont les ouvrages de cette place, qui résista victorieusement, les 18 et 19 juillet 1866, aux cuirassés de Persano ? Les renseignemens précis manquent là-dessus. Il semble cependant que l’attention de la marine autrichienne s’était un peu détournée de cette position pour s’attacher à Teodo, — dont je viens de parler, — à Castelnuovo et Sebenico, enfin à Lussin piccolo, dans une longue île qui s’étend à quelque trente milles au sud de la pointe de l’Istrie et de Pola.

Quant à Pola même, c’est une place maritime de premier ordre, parfaitement armée de forts à coupoles d’un type un peu ancien peut-être, mais qui ont dû recevoir, dans ces derniers temps, des perfectionnemens sérieux. L’altitude de ces ouvrages varie de 30 à 75 mètres (Fort Musil). Sur la plus grande des petites îles Brioni, qui couvre, au nord-ouest, l’entrée du port et la baie de Fasana, mouillage extérieur de la flotte autrichienne, s’élève le grand fort Tegetthoff. La défense sous-marine est parfaitement assurée. Enfin il faudrait compter sur de vigoureuses opérations de défensive active conduites par la force navale autrichienne, concentrée dans son port principal.

Ni la ville, ni l’arsenal de Pola[1] ne possèdent d’enceinte continue. Les hauteurs qui les dominent sont couronnées d’ouvrages auxquels on peut reprocher d’être trop près du noyau qu’ils prétendent couvrir,

  1. L’établissement central est d’ailleurs dans la petite île d’Olivi, au milieu de la rade.