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grands ports de pêche de Hull, de Lowestoft, de Harwich, etc. Et le succès couronne ces efforts persévérans puisque, ces jours derniers, on annonçait qu’un brillant combat avait été livré, sous Helgoland, par les croiseurs d’avant-garde anglais aux navires légers allemands, bien appuyés pourtant sur le précieux poste avancé qui garde, à 28 ou 29 milles de distance, les estuaires de l’Elbe, du Weser et de la Jade.

Deux éclaireurs de 4 500 tonnes, du type Mainz[1], ont été coulés, un autre semble avoir été incendié. On signale de source danoise que plusieurs « destroyers » allemands sont rentrés à Kiel fortement avariés : ils venaient sans doute de Helgoland. Quelques autres y ont succombé. Cette opération, sur laquelle plane encore un certain mystère, avait été annoncée dans une allocution de Lord Kitchener, qui a fait quelque bruit. En tout cas, c’est une très honorable affaire pour nos vaillans et habiles alliés, dont les cuirassés ne tarderont certainement pas à faire parler d’eux, soit en se mesurant directement avec l’armée allemande, soit, si celle-ci refuse le combat, en bombardant et ruinant de fond en comble cet Helgoland que la Grande-Bretagne céda si imprudemment, en 1890, à l’Allemagne, en compensation de Zanzibar.


Mais que font donc les sous-marins allemands ? On nous avait annoncé à grand fracas, il y a quelques mois à peine[2], que ces petits bâtimens se chargeraient de rétablir promptement l’égalité des forces entre les deux flottes en coulant nombre de cuirassés anglais. Disons tout de suite qu’ils ont essayé, mais sans autre résultat que de faire couler l’un d’eux. L’attaque s’était produite en plein jour, et les Anglais se gardaient bien. Il faut que les sous-marins, — en général, — se persuadent que les guetteurs des grands bâtimens, exercés à cet effet, commencent à voir les périscopes de très loin. Les attaques de nuit, avec des appareils de vision spéciaux, ou, en attendant, les attaques exécutées à la pointe de l’aube et à la nuit tombante, « entre chien et loup, » paraissent être les seules assurées

  1. Le Mainz, très voisin du Breslau, a le même armement, mais un peu moins de charbon (900 tonnes au lieu de 1 200) et une vitesse de 26 à 27 nœuds, au lieu de 27 ou 28.
  2. On se rappellera sans doute, à ce sujet, la conférence de l’amiral Breusing, délégué de la Ligue maritime allemande, à Bâle.