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sur les mouvemens des escadres au commencement d’août.

Ce que l’on peut constater dès maintenant, c’est que les deux croiseurs allemands avaient une supériorité de vitesse sensible, le Gœben, sur les trois croiseurs dreadnoughts : Inflexible, Indomitable et Indefatigable, formant le noyau de l’escadre anglaise, le Breslau sur les croiseurs légers Gloucester, Chatham, Proserpine, etc., attachés à cette même force navale.

Je ne parle pas des nôtres : on sait quelle est notre infériorité en ce qui touche les grands croiseurs cuirassés modernes, et que nous n’avons, dans l’ordre de bataille de notre flotte, rien d’analogue aux éclaireurs de 5 000 tonnes environ, — le Gloucester et le Breslau, par exemple, — qui sont considérés, en Allemagne et en Angleterre, comme indispensables à une armée bien organisée.

Quoi qu’il en soit, cette grave opération du transport du 19e corps au début d’une grande guerre continentale s’est poursuivie dans une tranquillité parfaite. On n’a pris que les précautions le plus naturellement indiquées et les difficultés qui avaient fait couler tant d’encre, qui avaient soulevé tant de controverses, se sont trouvées tout aplanies par le seul fait de l’abstention de la flotte italienne.


L’entrée en ligne, à nos côtés, de l’Angleterre, si maladroitement provoquée par l’arrogante brutalité du gouvernement allemand à l’égard de la Belgique, posait nettement, dans la Manche, le problème écarté dans la Méditerranée.

Comment allaient se dérouler, si près de la flotte allemande, les longues opérations de la mise à terre dans nos ports de Dunkerque, Calais, Boulogne, le Havre et Rouen, d’une « force expéditionnaire » de 70 à 80 000 hommes au moins, bien pourvue de cavalerie et d’artillerie, parfaitement outillée, montée, au point de vue des « services à l’arrière ?… »

Sans doute, dès le début du conflit, la Homefleet de l’amiral Jellicoe s’était portée dans la mer du Nord, dans une position de couverture. Deux barrages étaient créés, en outre, avec des croiseurs et bâtimens légers, torpilleurs et sous-marins, l’un dans le pas de Calais, constitué principalement avec des élémens anglais, l’autre dans l’étranglement Cherbourg-Wight, avec des élémens français (escadre légère du Nord, renforcée.) Sans doute aussi on était prêt à miner le pas de Calais, s’il le