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francs, elle aurait une encaisse de 1 500 millions et un portefeuille de 2 500 millions ; il lui resterait, d’après ses statuts, une marge d’émission de 500 millions de reichs mark.

La situation des succursales londoniennes de certaines banques allemandes a préoccupé à juste titre le Gouvernement anglais : la Deutsche bank, la Disconto gesellschaft, la Dresdner bank, c’est-à-dire trois des plus importans établissemens berlinois, sont dans ce cas. Le secrétaire d’Etat a autorisé ces banques à rester provisoirement ouvertes, aux conditions suivantes : la permission ne s’étend qu’au règlement d’affaires engagées avant le 5 août ; il leur est défendu d’en traiter de nouvelles. Les opérations ne pourront avoir d’autre objet que de mobiliser les élémens d’actif devant servir à acquitter les obligations contractées. Rien ne se fera que sous la surveillance d’un délégué de la Trésorerie. Celui-ci a le droit de s’opposer à tout paiement qu’il jugerait contraire à l’intérêt public et, en général, à une transaction quelconque. L’excédent d’actif qui pourrait exister après règlement de tous les engagemens sera déposé à la Banque d’Angleterre pour compte de la Trésorerie.


II

Au point de vue commercial, l’intervention du Gouvernement anglais a été remarquable en ce qui concerne les assurances maritimes. Si la certitude de paiement des lettres de change et des chèques est indispensable pour que les marchés se concluent, ils ne peuvent se régler qu’après que les marchandises qui en font l’objet auront été effectivement livrées aux acheteurs. En d’autres termes, il faut que les armateurs puissent faire voguer leurs navires des ports étrangers aux ports anglais, ou vice versa. Aucun d’eux n’aventurera un bâtiment sans l’avoir assuré. En temps ordinaire, le taux de cette assurance ne représente qu’une fraction minime de la valeur de la coque et de la cargaison. En temps de guerre, la prime s’élève à des hauteurs parfois excessives, et il arrive que, même à un prix énorme, il ne se trouve personne pour prendre le risque. Le trafic maritime est vital pour la Grande-Bretagne, puisqu’il représente la totalité de son commerce extérieur. S’il venait à être arrêté, c’est toute une partie, et non la moindre, de la vie économique du pays qui serait suspendue. Le Gouvernement